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Belgique : ce que l'on sait de l'attaque terroriste à Liège qui a fait trois morts

Un homme a tué deux policières ainsi que le passager d'une voiture à Liège, dans l'est de la Belgique, avant d'être abattu.

Article rédigé par franceinfo
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Quelques minutes après l'assaut, le quartier autour du lycée Waha de Liège (Belgique) a été complètement bouclé, mardi 29 mai 2018.  (JOHN THYS / AFP)

Un homme a tué trois personnes, dont deux policières, mardi 29 mai à Liège (Belgique), avant d'être abattu par les forces de l'ordre. La "qualification d'infraction terroriste" est retenue dans l'instruction ouverte après cette fusillade, a annoncé le procureur. Voici ce que l'on sait de cette attaque.

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Deux policières et le passager d'une voiture ont été tués

Vers 10h30, au croisement du Boulevard d'Arvoy et de la rue des Augustins, un homme a pris en filature deux policières, les a agressées par derrière en leur donnant de multiples coups de couteau. "Il s'est emparé de leurs armes de service" et s'en est servi contre elles, a détaillé le procureur de Liège, Philippe Dulieu, mardi 29 mai. Les deux femmes, âgées de 44 et de 54 ans, sont mortes sur les lieux de l'attaque, a précisé le parquet fédéral mercredi.

L'homme a continué sa route à pied et tiré à plusieurs reprises sur le passager d'une voiture stationnée dans la rue, un jeune homme de 22 ans lui aussi mort sur place. 

Liège : le déroulé des faits
Liège : le déroulé des faits Liège : le déroulé des faits

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des passants se précipitant pour trouver un abri sur le boulevard d'Avroy, dans le centre de la ville, tandis que des coups de feu et le bruit de sirènes retentissent en arrière-plan.

L'assaillant s'est ensuite réfugié dans l'enceinte du lycée Waha, où il a pris en otage une employée. Quatre autres policiers ont par ailleurs été blessés dans un deuxième temps, au moment où l'individu est sorti de l'établissement. La porte-parole du parquet fédéral a précisé que l'un avait notamment reçu une balle dans la jambe et un autre, une balle dans le bras. L'assaillant a finalement été abattu par les forces de l'ordre. Les élèves du complexe scolaire, évacués par l'arrière du bâtiment, sont tous sains et saufs.

L'assaillant a tué un ex-codétenu la veille

Didier Reynders, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Belgique, a indiqué sur franceinfo mercredi que l'auteur de l'attaque avait "probablement participé à un braquage en province du Luxembourg et assassiné un de ses amis" auparavant. Selon lui, il s'agirait d'"un crime crapuleux dans le milieu de la drogue et de la délinquance"

Le ministre belge de l'Intérieur Jan Jambon, mercredi sur Bel RTL, a confirmé son implication dans ce quatrième meurtre, à Marche-en-Famenne, dans la nuit de lundi à mardi. La victime est un codétenu du tireur âgé de 30 ans, retrouvé mort à son domicile à On, dans la commune de Marche-en-Famenne. Selon les médias locaux, la victime, un toxicomane, aurait été tuée avec un marteau.  

La porte-parole du parquet fédéral a confirmé que ce meurtre faisait l'objet d'une enquête distincte. 

Il avait bénéficié d'une permission de sortie de prison

La porte-parole du parquet fédéral a annoncé que le suspect, Benjamin H., est un Belge de 31 ans. Elle précise qu'il avait déjà été condamné "pour vol, consommation de stupéfiants et rébellion". Il était incarcéré depuis 2003, entre autres pour une affaire de drogue, mais avait bénéficié lundi d'une permission de sortie, selon la RTBF. "Il aurait dû regagner la prison lundi soir à 17h30", a affirmé la porte-parole du parquet fédéral. L'homme avait déjà bénéficié d'une vingtaine de congés pénitentiaires qui s'étaient bien déroulés, d'après le ministre belge de la Justice Koen Geens, cité par l'agence de presse Belga.

Selon Didier Reynders, l'assaillant devait sortir de prison en 2020. L'homme avait bénéficié "d'une bonne dizaine de sorties d'une journée et c'est la quatorzième fois qu'il sortait pour deux jours avec quelques problèmes de retard parfois, mais jamais d'éléments de violence". "On est ici entre deux croisements de profils possibles, ajoute le vice-Premier ministre. Il s'agit d'un criminel violent, qui a été condamné lourdement pour des faits de violence et de trafic de drogue." 

La piste terroriste est privilégiée

L'attaque visait "clairement" les forces de l'ordre, a assuré le chef de corps de la police de Liège, Christian Beaupère. "Il est clair que l'objectif de l'assassin était de s'en prendre à la police", a-t-il insisté, affirmant que l'objectif de l'assaillant n'était pas de tuer dans une école mais de "toucher des policiers, l'institution, l'Etat de la Belgique"

Le dossier a été confié au parquet fédéral, qui est compétent en matière de terrorisme. "Il y a des éléments qui vont dans la direction d'un acte terroriste", a justifié Eric Van Der Sypt, porte-parole du parquet fédéral. Dans une vidéo amateur, on entend l'assaillant crier "Allah Akbar" alors qu'il marche. "Il a crié 'Allah Akbar' et il a parlé de la Syrie", avec "les bras levés en l'air", raconte une témoin de la scène à franceinfo, ce qu'a confirmé le parquet fédéral mercredi. Selon les premiers éléments de l'enquête, Benjamin H. avait également été "en contact avec des personnes radicalisées" en 2016 et au début de l'année 2017, mais ces informations de la police fédérale de Liège "n'ont pas été confirmées depuis".

"Le modus operandi", le fait que "le suspect était en contact avec des personnes radicalisées" ont notamment permis de retenir pour l'heure la qualification d'assassinat terroriste et de tentative d'assassinat terroriste, a confirmé le parquet fédéral mercredi. L'enquête sur l'auteur "se concentre actuellement sur la question de savoir s'il a agi seul".

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