A Malte, les bateaux des ONG pris au piège et empêchés de reprendre leurs secours en mer
L'"Aquarius" a quitté Malte, jeudi, et fait route pour Marseille. A La Valette, d'autres navires d'ONG sont bloqués depuis des semaines, empêchés par les autorités de reprendre les sauvetages.
Ironiser… pour ne pas en pleurer. ''Comme ça au moins, on continue à s’entraîner, raille un des membres de l'équipage du Lifeline, jeudi 16 août. On a l’ordre d’avancer le bateau pour faire de la place à d’autres." Le Lifeline va enfin bouger, après deux mois à l’arrêt dans le port de La Valette. Bouger… de 10 mètres. Le navire de sauvetage allemand est retenu à quai par les autorités maltaises depuis qu'il a débarqué 233 migrants, le 28 juin.
L’Aquarius, lui, a pu repartir de Malte et fait route vers Marseille. L'équipage peut respirer, le bateau craignait d’être lui aussi bloqué au port de La Valette. Malte est le lieu le plus proche de la zone de sauvetage. C’est donc Malte qui devrait accueillir les bateaux des rescapés. Au lieu de cela, l’île les paralyse. Pour ces ONG à quai, cette immobilisation représente des coûts élevés. Si les bénévoles continuent à s’engager, aucune vie au large de la Libye ne peut être sauvée.
La frustration des équipages
Quelques quais plus loin, le Sea-Watch 3 est lui aussi bloqué, depuis le 2 juillet. "On sait ce qui se passe quand on n'est pas là-bas... confie un des marins, Malo Castillon, chef mécanicien. On a des visages de gamins qui nous reviennent", ceux des enfants sauvés. "Et on se dit qu'il y a les mêmes qui sont là, sur des rafiots, des Zodiac en papier, et qui vont certainement y rester. C’est super dur."
Pour Malo Castillon, le gouvernement maltais subit la pression de l'Europe. "Emmanuel Macron a été le premier à dire que le comportement du gouvernement italien était inacceptable. En attendant, il n'a rien proposé, il n'a pas ouvert un des ports. C'est honteux."
Aujourd’hui, seules deux ONG poursuivent leur mission en Méditerranée. Et encore. L’Aquarius a certes pu quitter Malte mais il ne peut reprendre les sauvetages. L’armateur lui impose de se rendre à Marseille pour tenter de trouver une solution : Gibraltar a déclaré qu’il allait lui retirer son pavillon.
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