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Migrants à la frontière greco-turque : "C'est la faillite, l'incompétence et l'indignité de l'Europe", dénonce le président de Médecins du monde

Plusieurs milliers de migrants sont bloqués et victimes de violences à la frontière greco-turque. Une situation que l'Union européenne pourrait résorber facilement si elle s'en donnait les moyens, estime le président de Médecins du Monde sur franceinfo. "22 000 personnes réparties dans 27 pays, ça fait 700 personnes par pays", souligne-t-il.

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Un nouveau groupe de réfugiés, dont 19 enfants, sont arrivés ce vendredi et patientent contre une maison sur l'île grecque de Lesbos. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

"Si la situation n'était pas dramatique pour la population, ce serait carrément ridicule", dénonce ce samedi 7 mars sur franceinfo le président de Médecins du monde, Philippe de Botton. Il dénonce l'action de l'Union européenne contre les réfugiés et sa "politique répressive et totalement indigne". Depuis le 28 février, plusieurs milliers de personnes exilées de Syrie se massent à la frontière greco-turque. Ils se voient refuser l'entrée dans l'Europe et sont victimes de violences de la part des autorités grecques.

franceinfo : Faut-il mettre l'Europe en cause dans cette crise ?

Philippe de Botton : Évidemment, c'est la faillite de l'Europe, c'est l'incompétence de l'Europe c'est l'indignité de l'Europe depuis maintenant 2015. Avec cette crise de l'accueil et de la solidarité, l'Europe a été incapable d'accueillir 1,2 ou 1,3 million de personnes alors qu'il y a 12 millions de réfugiés en Afrique, 62 millions dans le monde, donc c'est vraiment la faillite d'une politique européenne répressive et totalement indigne.

Peut-on vraiment reprocher à la Grèce de refuser l'entrée des migrants ?

Le problème de la Grèce, c'est le même qu'en Italie il y a deux ans. Avec le règlement de Dublin, les pays qui sont en première ligne ont beaucoup de migrants qui arrivent. Comme à l'intérieur de l'Union européenne il n'y a pas de solidarité, pas de relocalisation, pas de véritable politique migratoire, évidemment ces pays-là sont soumis à des pressions absolument considérables. Si vous prenez Lesbos par exemple, le camp utilisé actuellement était prévu pour 3 000 personnes, mais il y en a 22 000 maintenant. C'est tout à fait normal qu'au bout de 5 ans les habitants de Lesbos soient fatigués et épuisés. 22 000 personnes réparties dans 27 pays, ça fait 700 personnes par pays. Si la situation n'était pas dramatique pour la population, ce serait carrément ridicule.

Médecins du monde explique pourtant que la législation adoptée par la Grèce en octobre dernier est illégale et inhumaine...

La Grèce a suspendu effectivement les demandes d'asile, ce qui est tout à fait illégal et contre le droit international. Mais tout cela montre bien qu'il n'y a aucune uniformité, aucune harmonie dans l'Union européenne, que chacun tire la couverture à soi, que chacun se débrouille comme il peut parce qu'il n'y a pas de courage ou de volonté politique d'accueillir ces migrants.

Il faut changer totalement cette politique migratoire. La présidente de la Commission européenne et le Premier ministre grec ont octroyé des moyens, uniquement pour contrôler les frontières, pour vraiment faire en sorte que cette Europe continue d'être une forteresse. C'est totalement illusoire.

Philippe de Botton, président de Médecins du monde

sur franceinfo

Tout cela n'aboutit à aucune solution digne, surtout pour des populations civiles qui souffrent. Parce qu'on parle de chiffres, on parle de contrôle des frontières mais derrière tout ça, il y a des femmes, des hommes, des enfants qui vivent dans des conditions absolument indignes et épouvantables.

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