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Naufrages en Méditerranée : "La priorité, c'est de sauver des vies" (HCR)

Que faire pour éviter la multiplication des naufrages mortels en Méditerranée ? La question a été ajoutée à l'agenda des ministres européens de l'Intérieur et des Affaires étrangères qui se retrouvent ce lundi à Luxembourg. Sur France Info, Fédérico Fossi, l’un des porte-parole du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Réfugiés en Italie, revient sur ce drame et sur les moyens à mettre en oeuvre.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Entre 500 et parfois 1.000 personnes sont récupérées chaque jour par les garde-côtes italiens ou des navires marchands. Photo d'illustration © Maxppp)

Ce pourrait être le pire naufrage de migrants au large des côtes libyennes. Les ONG redoutent la disparition de 700 personnes. Dimanche soir, 28 seulement avaient été secourues et 24 corps repêchés, selon les garde-côtes italiens. Fédérico Fossi est l’un des porte-parole du HCR en Italie. France info l’a joint dimanche soir. 

Au micro de Jérôme Jadot, Frédérico Fossi revient sur ce naufrage meurtrier et sur les mesures à prendre pour éviter de nouveaux drames.

Sait-on dans quelles circonstances le chalutier a chaviré ?

*"Les informations sont encore confuses parce que les opérations de secours sont toujours en cours. C'est une vaste opération de secours. Il y a dix-sept navires mobilisés en méditerranée pour tenter de trouver des survivants, il y a la marine italienne, les garde-côtes italiens, l'armée maltaise et puis pas mal de bateaux privés.

Ce qu'on sait jusqu'à présent, c'est que ce bateau qui a coulé, rempli de migrants et de réfugiés, avait envoyé un signal de détresse après minuit la nuit dernière (de samedi à dimanche). Un navire de commerce portugais a été envoyé sur la zone et les passagers du bateau en difficulté, dès qu'ils ont vu le cargo arriver, sont tous allés du même côté du bateau et il a chaviré.

C'est malheureusement souvent ce qui se passe en pareil cas. Les gens sont paniqués, ils voient arriver un navire et ils veulent être secourus le plus vite possible. Cela peut être particulièrement le problème avec les cargos. Si l'opération de secours est conduite par les garde-côtes ou la marine, qui sont plus professionnels, ils avertissent les gens sur le bateau, leur disent de rester calme, de ne pas tous se mettre du même côté. Mais évidemment c'est plus compliqué quand c'est un gros cargo, et là, quand les garde-côtes sont arrivés, c'était trop tard, les gens s'étaient déjà noyés".*

Sait-on précisément combien de personnes étaient à bord du bateau?

"*Non, pas précisément. Les survivants ont parlé de 700 personnes aux garde-côtes mais ces survivants sont toujours sur la zone, à bords des navires qui cherchent encore des personnes en vie. Si ce nombre de 700 était confirmé, ça serait la tragédie la plus meurtrière en Méditerranée.

En octobre 2013, deux naufrages avaient fait 600 victimes au large de Lampedusa. On a aussi eu un naufrage il y a quelques jours dans lequel 400 personnes sont mortes. Si le nombre de 700 est confirmé cela porterait le bilan estimé des disparus en mer depuis le début de l'année à 1.600 personnes".*

Pourquoi autant de naufrages mortels cette année?

*"L'année dernière, la marine italienne était engagée dans ce qui a été appelé l'opération Mare Nostrum, ce qui a représenté un immense effort. De très nombreux bateaux étaient déployés en Méditerranée. Et malgré ça, il y a eu 3.500 morts en mer en 2014.

Cette année, aucune opération de recherche et de secours équivalente n'a été mise en place par l'Union européenne. C'est pourtant ce que nous réclamons. Il y a bien l'opération Triton, mais elle est loin d'avoir la même ampleur".*

Les ministres européens des Affaires étrangères vont discuter de ce sujet ce lundi. Quelle mesure immédiate doivent-ils prendre selon vous?

"*La principale priorité comme on ne cesse de le répéter, c'est de sauver des vies. Parce que les gens continuent de traverser. Ce sont des gens qui fuient les guerres et les persécutions dans plein de pays différents, comme la Syrie. La situation empire aussi en Libye. Et puis il y a beaucoup de pays africains desquels les gens s'enfuient. Donc ces gens vont continuer à essayer de sauver leur vie et à venir chercher une protection dans l'Union européenne.

La principale priorité c'est de mettre en place une opération de recherche et de secours d'envergure. Ensuite, il y a des propositions qui visent à trouver des solutions alternatives aux traversées périlleuses avec différentes forme d'accès humanitaires à l'Union européenne".*

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