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"Nous sommes tous des Pussy Riot !"

A l'initiative de plusieurs organisations, 200 manifestants se sont réunis vendredi à Paris pour dénoncer le procès du groupe de punk russe.

Article rédigé par Floriane Louison
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Quelque 200 personnes étaient mobilisées à Paris, place Stravinsky, vendredi 17 août, pour soutenir les Pussy Riot. ( CITIZENSIDE / EMERIC F. / AFP)

MONDE - "C'est pas possible…", murmurent des jeunes femmes, une pancarte "Free Pussy Riot" à la main. Place Igor Stravinsky, vendredi 17 août, il est 13 heures et les charges retenues contre le groupe de punk russe Pussy Riot sont annoncées. Devant près de 200 manifestants rassemblés dans le 4e arrondissement parisien à l'initiative notamment d'Amnesty International, le porte-parole de la mobilisation les délivre au compte-gouttes : "Hooliganisme… Incitation à la haine religieuse… Propagande homosexuelle."

Il s'insurge : "Quel que soit le verdict final, les Pussy Riot ont été jugées coupables ; elles ont passé six mois en prison. C'est déjà trop pour trois minutes de chanson !" En fait une "prière punk" anti-Poutine, chantée dans une cathédrale de Moscou en février dernier.

 

"Nous sommes tous des Pussy Riot ! "

"Les Pussy Riot, ça peut être n'importe qui en Russie", dénonce une étudiante russe, militante de l'association Russie-Libertés. "C'est mon pays, je me sens responsable. Dans mon village natal, où il y a un camp, un jeune de 15 ans a été emprisonné pour avoir manifesté. Si les Pussy Riot vont dans un camp, ça va tourner à la torture. Il faut se mobiliser !"

Une cagoule sur la tête, comme les Pussy Riot lors de leur "prière punk" de février, ces femmes sont venues manifester à Paris, vendredi 17 août, contre le procès du groupe de punk russe.  (FLORIANE LOUISON / FTVI)

A ses côtés, des militants scandent : "Nous sommes tous des Pussy Riot !" Certains sont venus cagoulés, comme les trois jeunes Russes lorsqu'elles ont entonné leur "prière punk". "Les Pussy Riots me touchent", explique Esther Yaya, engagée mais affiliée à aucune organisation, sous un masque en laine vert. "Ce qui se passe, ça n'est pas normal." 

Au micro, une membre de l'association Osez le féminisme ! estime que "les Pussy Riot sont féministes, c'est un élément aggravant de l’accusationLe terme est associé à un péché moral, une menace contre l’Etat."  Thamar Bourand, chargée de la région Europe à Amnesty International, résume : "Ces femmes ont réussi un coup formidable. Elles ont touché les gens, les femmes, la jeunesse, surtout grâce à leur action spectaculaire très médiatisée."

Un procès symbolique pour les militants

"Ce procès à une résonance internationale", juge une militante russe. "Avec le relais des médias, les militants, Madonna qui les a soutenues, je me demande ce qu'il faut encore à la Russie ! En tous cas, cela nous donne de l'espoir."

Le procès est symbolique, mais aussi symptomatique. Pour Russie-Libertés, "l’affaire Pussy Riot a dévoilé ce sur quoi les jeunes femmes ont voulu attirer l’attention". L'affaire "dévoile au grand jour la répression de la contestation en Russie. Aujourd'hui, le pouvoir russe a clairement montré qu’il fait ce qu’il veut des gens."

Un manifestant brandit un panneau pendant la manifestation contre le procès des Pussy Riot, vendredi 17 août à Paris. (FLORIANE LOUISON / FTVI)

"Au final, les gens restent un peu indifférents"

Malgré la bonne volonté, la mobilisation parisienne n'est pas à la hauteur, estiment certains. "L'ambiance était… très prude", regrette Flow Martinez, qui a ouvert un groupe Facebook en soutien aux Pussy Riot. "Au final, les gens restent un peu indifférents. C'est décevant : il y avait 1 300 personnes inscrites sur l'événement Facebook, mais on était sûrement pas 1 300 aujourd'hui."

A 14 heures, après un court passage du groupe Orties et sa chanson en hommage à l'esprit punk des Pussy Riot, Plus putes que toutes les putes, les manifestants ont dû laisser place libre, pour cause d'autorisation préfectorale expirée. Deux heures plus tard, c'est ailleurs qu'ils apprennent le jugement : les trois musiciennes sont condamnées à deux ans de camp pour "vandalisme motivé par la haine religieuse" et "hooliganisme".

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