Italie : un mois après le séisme, 3 000 rescapés n'ont pas retrouvé de maison
Caravanes, tentes... Un mois après le tremblement de terre qui a frappé le centre de l'Italie, les autorités cherchent toujours des hébergements en dur pour tous les rescapés. Reportage à Amatrice, la ville la plus touchée.
24 août - 24 septembre. Il y a un mois, un tremblement de terre dévastait le centre de l’Italie, faisant 297 morts. Aujourd'hui, plus de 3 000 rescapés n’ont pas retrouvé de maison. Des familles ont choisi d’utiliser leur caravane de vacances. À Amatrice, la commune la plus durement touchée par le séisme, des "villages" de tentes ont été montés dans les différents hameaux.
"Ça c’est la tente où je dors", nous montre Nando Bonnani, 63 ans. Il vit sous une toile de tente de camping : "Elle a résisté pour l’instant aux coups de vent et à la pluie. Mais quand les premières gelées vont arriver, ce sera un désastre. Il va bien falloir que je prenne une décision. Soit prendre la fuite, soit rester ici."
L'objectif des autorités : installer des maisons provisoires d'ici sept mois
Il pleut averse ces derniers jours. Il fait trois degrés la nuit. Nando a monté sa tente à quelques pas de son ancienne maison. "Ça c’est mon restaurant, dit-il en désignant le rez-de-chaussée. Ça fait quarante ans que je l’ai. Les pompiers m’ont dit qu’il était inutilisable. C’était un restaurant réputé. J’avais des clients du monde entier. Le dimanche c’était de la folie ! J’étais un seigneur. Je ne suis plus rien."
Amatrice a perdu 230 habitants la nuit du 24 août, soit 10% de sa population. La femme, les enfants et les petits-enfants de Nando s’en sont sortis sains et saufs. "Ça a été une secousse tellement forte. Plus de lumière... Je ne trouvais plus mes petits-enfants, se souvient-il. Avec mes fils, on a réussi à tirer onze personnes des décombres. C’est un traumatisme. Je ne dors plus la nuit. Je pense à tous mes amis disparus."
Comment je fais pour abandonner tout ça ? Ce sont les biens de mes ancêtres.
Les autorités italiennes se sont fixé une priorité : démonter toutes les tentes d’ici la semaine prochaine, avant l’arrivée des premières gelées. Amatrice est située à 1 000 mètres d’altitude. Mais Nando ne se résout pas à descendre dans la vallée. Pas pour l’instant. "Comment je fais pour abandonner tout ça ? Ce sont les biens de mes ancêtres, dit-il. Et puis il y a des visiteurs qui rôdent. On les appelle les 'chacals'. Si je pars, ils vont se servir".
Mais les autorités doivent rapidement faire partir ces habitants. Car selon les plans officiels, des maisons provisoires doivent être installées d'ici sept mois sur les terrains libérés. Le gouvernement italien promet de reconstruire à l’identique les zones dévastées par le séisme du 24 août, alors que le montant des dégâts s'élève au moins à 4 milliards d'euros.
Nando, lui, a une idée fixe : rouvrir un restaurant. Car, dit-il, "si des personnes comme moi quittent définitivement Amatrice, alors on pourra rayer son nom de la carte".
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