: Vidéo G20 : "Pas approprié", quand le président chinois Xi Jinping critique le Premier ministre canadien Justin Trudeau devant les caméras
Le chef d'Etat chinois a réprimandé le Canadien pour avoir "raconté aux journaux" le contenu d'une conversation privée sur "la question de l'ingérence" de Pékin dans les systèmes démocratique et judiciaire d'Ottawa.
La scène est rare pour le grand public. Dans un face-à-face tendu, non-officiel, mais devant les caméras lors du sommet du G20, à Bali, on peut voir et entendre Xi Jinping sortir de son flegme apparent pour réprimander le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Le ton est sec, parfois glaçant, mais toujours cordial.
L'échange dure une minute, et à pour point de départ la fuite supposée dans la presse des détails d'un entretien la veille entre les deux hommes qui ont des relations déjà tendues. Le Premier ministre canadien disait avoir évoqué lors de cette rencontre "la question de l'ingérence" chinoise après qu'Ottawa a accusé Pékin de s'ingérer dans ses systèmes démocratique et judiciaire. Xi Jinping réplique : "Aller raconter aux journaux ce qu'on a dit lors de notre conversation, ce n'est pas approprié".
D'un ton calme et avec le sourire, le président s'exprime en chinois et poursuit: "Et en plus, ce n'est pas la façon dont la discussion s'est déroulée". Dans un moment de flottement, les deux hommes se font face, mais pas droit dans les yeux : ils tendent l'oreille car leurs propos sont traduits en anglais par des interprètes. "S'il y a de la sincérité (de votre part), alors nous devrions avoir une discussion basée sur le respect mutuel. Si tel n'est pas le cas, difficile d'en attendre trop", poursuit Xi Jinping.
D'un pas, le président chinois tente alors de quitter la conversation - sans attendre la fin de la traduction de ses propos en anglais -, mais le Premier ministre canadien glisse alors calmement : "Au Canada, nous croyons au dialogue libre, ouvert et franc, et c'est ce que nous allons continuer à faire. Nous continuerons à chercher à travailler ensemble de manière constructive, mais il y aura des choses sur lesquelles nous ne serons pas d'accord", souligne-t-il, avant de serrer la main au président chinois. "A vous de créer les conditions (nécessaires à l'amélioration des relations)", répète à deux reprises, enfin, Xi Jinping, qui garde le sourire.
"Avoir un dialogue franc n'est pas un problème pour la Chine"
Le Premier ministre canadien est sous pression dans son pays : outre des révélations de la presse, la police fédérale canadienne a indiqué jeudi 10 novembre mener une enquête sur de supposés "postes de police" mis en place illégalement par la Chine au Canada pour contrôler notamment les Chinois exilés ou expatriés. Et cette brouille publique ne risque pas d'arranger des relations déjà très tendues.
Interrogée jeudi 17 novembre au sujet de cette vidéo lors d'un point presse régulier, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, en a minimisé la portée. "La vidéo (...) contenait une brève conversation entre les dirigeants des deux pays lors du sommet du G20. C'est quelque chose de normal", a-t-elle déclaré. "Je ne pense pas que cela devrait être interprété comme une critique ou une réprimande de qui que ce soit de la part du président Xi, a-t-elle souligné. Avoir un dialogue franc n'est pas un problème pour la Chine. Nous espérons juste que ce dialogue franc soit fondé sur l'égalité et le respect mutuel, plutôt qu'empreint d'accusations condescendantes."
La rencontre de mardi entre Xi Jinping et Justin Trudeau était le premier dialogue en face-à-face entre les deux dirigeants depuis 2019. Les relations entre Pékin et Ottawa se sont fortement dégradées ces dernières années, notamment après l'arrestation en 2018 par le Canada, sur demande des Etats-Unis, de la directrice financière de Huawei, géant chinois des télécoms. Malgré une détente relative après sa libération l'an dernier et celle de deux Canadiens qui avaient été arrêtés en représailles, ces dernières semaines ont été marquées par un nouveau durcissement des relations.
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