Entre la Grèce et l'Europe, "le plus gros problème c'est la confiance"
Les ministres des Finances de la zone euro examinent les propositions grecques. Mais ils sont encore divisés.
Parviendront-ils à s'entendre pour mettre fin à la crise de la dette grecque ? Rien n'est moins sûr. Les ministres des Finances des 19 pays de la zone euro doivent rendre, samedi 11 juillet, un avis décisif sur les propositions de réformes présentées par le gouvernement grec. Malgré les divisions, elles ont fait renaître l'espoir d'un accord sur un troisième plan d'aide internationale à Athènes, susceptible d'éviter le scénario noir d'une sortie de la zone euro. Mais les responsables européens apparaissent divisés.
Les plus conciliants, à commencer par la France et les institutions (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), considèrent que ces propositions constituent une base solide pour reprendre les négociations. Il reste toutefois à convaincre le camp des durs, emmenés par l'Allemagne. Réticents à accorder une nouvelle aide à la Grèce après deux plans d'un montant de 240 milliards d'euros, ils jugent l'offre grecque encore insuffisante et contestent toute idée de restructuration de la dette grecque.
Des divisions étalées au grand jour, avant l'ouverture de ce sommet de l'Eurogroupe à Bruxelles.
>>Suivez les négociations sur la crise de la dette grecque dans notre direct.
Un "problème" de "confiance" avec la Grèce
"Le plus gros problème c'est la confiance", a déclaré le patron de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Certains pays doutent en effet ouvertement de la sincérité d'Athènes.
"Plusieurs gouvernements (...) ont de sérieux doutes sur l'engagement du gouvernement grec et sur sa capacité à mettre en œuvre" les réformes proposées, a confirmé le secrétaire d'Etat aux Finances néerlandais Eric Wiebes. Et d'ajouter qu'il appartient à Athènes de rassurer ses créanciers.
Car la stratégie de négociation du gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras depuis six mois a écorné la confiance des gouvernements européens. Le grand argentier allemand Wolfgang Schäuble a prédit des négociations "extrêmement difficiles". Des prises de position qui font dire à de nombreux observateurs que les faucons préparent un Grexit.
L'attitude de Schäuble et Dijsselbloem au début de l'Eurogroupe confirme l'analyse de @yanisvaroufakis sur la volonté d'aller au #Grexit
— Romaric Godin (@RomaricGodin) 11 Juillet 2015
You are watching live the demolition of a European country, #Greece, because it does not fit in Schäuble's plans of HIS Europe.
— Thomais Papaioannou (@ThomaisERT_RIK) 11 Juillet 2015
Encore "beaucoup de progrès" à faire
Plusieurs faucons européens ont continué de descendre en flammes les propositions grecques. Les réformes présentées "ne suffisent pas" pour envisager un accord, a lâché le patron de l'Eurogroupe. "Les propositions auraient été bonnes dans le cadre du deuxième programme d'aide, mais j'ai peur qu'elles soient insuffisantes pour lancer un troisième programme", a jugé le slovaque Peter Kazimir.
Même les colombes de l'Eurogroupe, favorables à Athènes, attendent le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, de pied ferme. "Il faut des réformes mises en œuvre rapidement, c'est la clé de tout", a déclaré le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a laissé entendre que les créanciers vont demander un calendrier précis et serré des réformes.
Pour Dalia Grybauskaite, la présidente de la Lituanie, il y a ainsi "50% de chances" d'arriver à un accord ce week-end. Et, encore, à condition que le texte grec soit "profondément modifié". La directrice générale du FMI Christine Lagarde a déclaré attendre "beaucoup de progrès" en vue du déblocage d'un nouveau programme d'aide.
Là encore, ces déclarations renforcent, aux yeux de nombreux analystes, l'hypothèse d'une sortie organisée de la Grèce de la zone euro.
1) Decision must be made this weekend 2) Proposals are nowhere near good enough 3) we don’t trust the Greeks anyway. 1+2+3 = #Grexit
— Frances Coppola (@Frances_Coppola) 11 Juillet 2015
Et toujours une médiation française
Ces derniers jours, des diplomates et des hauts fonctionnaires du Trésor français se sont activés en coulisses pour jouer les "traits d'union" auprès de la Grèce face à ses créanciers. La France continuera à jouer ce rôle jusqu'au bout dans les négociations, a assuré Michel Sapin.
Une réunion bilatérale entre le ministre français et son homologue grec s'est d'ailleurs tenue samedi à la mi-journée, avant la réunion exceptionnelle de l'Eurogroupe, selon une source européenne proche des négociations.
Dimanche, les 28 pays de l'Union européenne, réunis en sommet d'urgence, devraient dans le meilleur des cas endosser un accord, ou, si les blocages n'ont pu être surmontés, trancher.
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