Feux de forêt en Grèce : ce que l'on sait des incendies qui sévissent aux portes d'Athènes
La Grèce continue pour le troisième jour consécutif, mardi 13 août, de lutter contre des incendies dans la banlieue nord-est d'Athènes, qui ont forcé des milliers de personnes à quitter leur domicile tout en polluant l'air de la capitale. "Il n'y a plus de fronts actifs, seulement des foyers épars", a annoncé mardi Vassilis Kikilias, le ministre de la Protection civile grec. Au moins une personne est morte et 66 sont soignées pour des blessures, selon les autorités locales. Voici ce que l'on sait de la situation sur place, au troisième jour des incendies.
Au moins 10 000 hectares ont été dévastés par les flammes
Alimenté par des vents violents, le feu s'est transformé, en trois jours, en un front de flammes de 30 kilomètres de long et de plus de 25 mètres de haut par endroits, selon la chaîne de télévision ERT. L'Observatoire national de la Grèce a annoncé qu'au moins 10 000 hectares avaient été dévastés par le feu. "Il y a du mieux sur tout le front", a annoncé mardi matin Costas Tsigkas, chef de l'association des pompiers grecs, à ERT. "Mais les conditions resteront toujours difficiles", avec du vent attendu dans l'après-midi, et "chaque heure qui passe sera plus difficile", a-t-il ajouté. Une quarantaine de départs de feux avaient été recensés dimanche par les autorités grecques.
Ces feux ont dégagé de telles fumées que la majeure partie de la capitale a été recouverte d'un nuage âcre pendant deux jours consécutifs, contraignant les habitants à porter des masques. Les scientifiques grecs ont par ailleurs signalé une augmentation alarmante des particules dangereuses en suspension dans l'air, en particulier dans la nuit de dimanche à lundi.
La Grèce a demandé lundi l'aide de l'Union européenne pour lutter contre ces incendies près de la capitale. "Le mécanisme de la protection civile de l'UE a été activé sur demande des autorités grecques", a déclaré un porte-parole de l'UE, Balazs Ujvari, dans un communiqué. Près de 300 pompiers supplémentaires, ainsi que d'autres hélicoptères, véhicules d'incendie et camions-citernes, sont attendus mardi en provenance d'Italie, de France, de la République tchèque et de Roumanie. La France a annoncé l'envoi de 180 sapeurs-pompiers et personnels de la sécurité civile et de 55 camions, en renfort vers la Grèce.
Il reste encore des "foyers épars" mardi
Dimanche après-midi, le porte-parole des pompiers a déclaré à la presse que ses effectifs étaient parvenus à maîtriser 33 des 40 départs de feux déclarés au cours du week-end. Mais la situation s'est dégradée lundi. "Les forces de la protection civile ont livré bataille toute la nuit et malgré des efforts surhumains, l'incendie continue de se propager très vite", a expliqué Vassilis Vathrakogiannis au sujet du feu de Varnavas, situé à quelque 35 kilomètres d'Athènes.
"Les vents forts ont propagé [l'incendie] en un clin d'œil, créant un comportement extrême, avec de nouveaux fronts qui s'ouvrent derrière les lignes de confinement", a ajouté le porte-parole. Selon le ministère de la Protection civile, 702 pompiers, 27 équipes forestières, 199 véhicules terrestres, 17 avions et 18 hélicoptères ont été mobilisés contre les incendies.
Le temps de réaction des services de secours grecs a été "de cinq minutes par les airs et sept minutes par le sol" à l'annonce du premier feu dimanche, a expliqué mardi le ministre Vassilis Kikilias. "C'est ça la réalité : malgré une réponse rapide [...], lorsque les conditions climatiques sont extrêmes, le problème devient insurmontable", a-t-il ajouté. "Il n'y a plus de fronts actifs, seulement des foyers épars" en Grèce, a-t-il toutefois rapporté, mardi à la mi-journée.
Les feux ont fait au moins un mort et plus de 60 blessés
Des dizaines d'ordres d'évacuation ont été émis depuis dimanche, et plusieurs milliers de personnes ont fui alors que le feu détruisait des maisons, des entreprises et des voitures dans plusieurs banlieues d'Athènes. Dans cette région de l'Attique du Sud, la ville mythique de Marathon a dû être vidée de ses 7 000 habitants, dans la nuit de dimanche à lundi. Ils ont été priés de se mettre à l'abri vers la ville de Nea Makri, sur la côte. "Nous faisons face à une catastrophe biblique. Toute notre municipalité est en proie aux flammes et vit des moments difficiles", a déclaré le maire de la ville, Stergios Tsirkas, à la chaîne de télévision Skai.
Le feu se rapprochant d'Athènes, cinq autres localités ont été évacuées lundi ainsi que deux hôpitaux, l'un pédiatrique et l'autre militaire. "En raison de la direction du vent, nous avons décidé une évacuation préventive (...) Le feu est très proche", a déclaré Simos Roussos, maire de Chalandri, l'une des plus grandes banlieues d'Athènes, à la chaîne de télévision publique ERT.
Leurs habitants ont reçu un SMS de la protection civile leur demandant de "[suivre] les instructions des autorités", avec des indications pour procéder correctement aux évacuations. Ces milliers de Grecs déplacés peuvent notamment trouver refuge dans le stade olympique OKA, au nord de la capitale, ouvert spécifiquement par les autorités.
Au moins un pompier a été victime de graves brûlures et un autre, hospitalisé pour des problèmes de respiration, a annoncé lundi le porte-parole de la brigade de pompiers. Selon le ministère de la Santé, 66 personnes autres ont été soignées pour des blessures depuis dimanche. Mardi matin, le corps d'une femme a par ailleurs été découvert dans une usine calcinée, à Patima Halandriou, municipalité en partie évacuée lundi. Ce feu ravive les souvenirs de la catastrophe de l'incendie de Mati, la zone côtière proche de Marathon, au cours de laquelle 104 personnes sont mortes en juillet 2018 dans une tragédie imputée aux retards et aux erreurs d'évacuation.
Des conditions climatiques favorables aux incendies
Jusqu'au 15 août, la moitié du pays était exposée à un risque élevé d'incendie, avait annoncé, samedi, le ministre de la Protection civile grec, du fait d'une combinaison de trois facteurs météorologiques extrêmes. Tout d'abord, des températures atteignant les 39°C, après des records de températures déjà franchis en juin et juillet, soit les mois les plus chauds jamais enregistrés depuis les premières statistiques, il y a soixante ans.
Le ministre avait également prévenu que des vents à plus de 90 km/h, soufflant en rafales, étaient attendus dans le week-end ainsi qu'en début de semaine, pouvant attiser d'éventuels départs de feux. Enfin, la sécheresse que connaît actuellement la Grèce, après un hiver particulièrement sec, est le dernier facteur de risque concourant à la propagation de ces incendies. La température devrait avoisiner les 38°C à Athènes mardi, avec des vents soufflant à 39 km/h, a avancé l'Observatoire national de Grèce.
Si la Grèce est particulièrement vulnérable aux incendies de forêt, la saison de ces incendies s'allonge globalement dans le monde, selon le groupe d'experts intergouvernemental des Nations unies sur le climat, qui alerte également sur une augmentation de la superficie brûlée par les flammes.
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