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Grèce : quand Yanis Varoufakis annote et dénonce l'accord avec les créanciers

L'ancien ministre des Finances grec a publié une version revue et corrigée par ses soins du texte signé par Alexis Tsipras. 

Article rédigé par franceinfo
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Yanis Varoufakis, le 10 juillet 2015.  (MAXPPP)

Démis de ses fonctions au lendemain du référendum du 5 juillet, Yanis Varoufakis ne se prive pas de dire tout le mal qu'il pense de l'accord trouvé par Alexis Tsipras et les créanciers de la Grèce pour éviter le "Grexit". L'ancien ministre des Finances a publié, mercredi 15 juillet, une version annotée par ses soins du texte.

Sur son blog, il décrypte l'accord en insérant ses remarques en rouge. Francetv info revient sur ses principales critiques, qui ont été repérées et traduites par le Huffington Post.

Sur la hausse de la TVA 

Ce que dit l'accord : il prévoit "une rationalisation du régime de TVA et un élargissement de l'assiette fiscale afin d'accroître les recettes"

Ce qu'en pense Varoufakis : cette nouvelle hausse va, selon lui, "encourager la fraude" et "infliger un coup majeur à la seule industrie de la croissance", c'est-à-dire le tourisme. 

Sur les privatisations : 

Ce que dit l'accord : le fruit de la privatisation "des actifs grecs de valeur" seront transférés dans un fonds indépendant. Monétisés, ils doivent permettre de constituer "une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES (Mécanisme européen de stabilité) et qui générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d'euros".

Ce qu'en pense Varoufakis : pour l'ancien ministre des Finances, le compte n'y sera pas et l'objectif, jamais atteint. "Le bien public sera vendu et les sommes dérisoires iront au service d'une dette insoutenable – avec précisément aucun reste pour l'investissement public ou privé."

Sur les réformes des institutions et des administrations :

Ce que dit l'accord : le texte oblige la Grèce à se "moderniser" ainsi qu'à "considérablement" renforcer son administration avec notamment une "dépolitisation de l'administration publique grecque". Une initiative prise "conformément aux ambitions du gouvernement grec", précise le document. 

Ce qu'en pense Varoufakis : pour lui, cela revient à faire de la Grèce une "zone zéro-démocratie calquée sur Bruxelles, une forme de prétendu gouvernement technocratique, qui est politiquement toxique et macro-économiquement inepte".

Sur le risque d'une dette "insoutenable" :

Ce que dit l'accord : "De sérieux doutes planent sur le caractère soutenable de la dette grecque", précise le texte, avant de pointer du doigt les dirigeants au pouvoir à Athènes : "Cela est dû au relâchement des politiques au cours des douze derniers mois, qui a entraîné la dégradation récente de l'environnement macroéconomique et financier du pays." 

Ce qu'en pense Varoufakis : "Vraiment ? Ça alors !" ironise-t-il. Et de renvoyer la balle dans le camp des créanciers : "Ce ne sont pas les plans de 'sauvetage' de 2010 et de 2012 qui, en conjonction avec une austérité destructrice de PIB, ont fait grimper la dette jusqu'à des hauteurs immenses. C'est la perspective, et la réalité, d'un gouvernement qui a critiqué ces prêts... qui a rendu la dette insoutenable !"

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