"La Grèce serait un morceau de choix pour la Russie", selon la rédactrice en chef de l'émission "Avenue de l'Europe"
Véronique Auger, à la tête de l'émission diffusée sur France 3, a répondu à vos questions sur les conséquences internationales de la crise grecque.
La crise grecque est bel et bien une crise de l'Union européenne. Le Premier ministre, Alexis Tsipras, dont le gouvernement doit présenter, jeudi 9 juillet, d'ultimes propositions de réformes, réclame un allégement de la dette grecque à ses partenaires européens. Est-ce possible ? Qu'est-ce que cela impliquerait pour les autres partenaires européens ? Vers qui pourrait se tourner Alexis Tsipras dans le cas d'une sortie de l'euro ?
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Véronique Auger, rédactrice en chef de l'émission "Avenue de l'Europe", sur France 3, a répondu à vos questions à propos des conséquences internationales de la crise grecque.
Sur l'effacement de la dette
Alexis Tsipras n'a de cesse de réclamer une réduction de la dette, qu'il présente comme une nécessité pour sortir son pays de la crise. Si ce scénario est possible, selon la journaliste, un allégement serait "considéré comme un mauvais signal pour les peuples qui ont déjà fait des efforts et qui pourraient demander qu'on fasse la même chose pour leur pays."
"L'effacement de la dette est une chose, la reprise de l'économie grecque en est une autre, continue Véronique Auger. C'est le vrai défi d'Alexis Tsipras : il faut qu'il mobilise à la fois son peuple et la classe politique pour transformer l'économie de son pays et la mettre aux standards actuels."
Sur la faisabilité d'une sortie de la Grèce de l'euro
Au moment de leur adoption, les traités européens n'envisageaient pas qu'un pays puisse sortir de la monnaie unique. "Les gouvernements, même l'Allemagne, font tout pour éviter une sortie de la Grèce de l'euro, explique Véronique Auger. Cela les obligerait à transformer les traités. Donc à repasser devant leur Parlement ou leur peuple, des confrontations à haut risque politique pour eux-mêmes."
Si aucun gouvernement ne souhaite une sortie de la Grèce, selon la journaliste, tous sont "poussés par leur population à qui ils ont demandé beaucoup d'efforts et qui trouvent injuste qu'il y ait deux poids deux mesures. Parmi ceux-là, on trouve surtout la Finlande, les Pays-Bas et les nouveaux entrants dans la zone euro, comme les Slovènes, par exemple." C'est aussi le cas des Bulgares, qui "râlent contre la victimisation perpétuelle des Grecs en affirmant qu'eux aussi souffrent économiquement".
Sur les risques géopolitiques d'une sortie de la Grèce
Qu'impliquerait une sortie de la Grèce de la zone euro d'un point de vue stratégique ? "Alexis Tsipras s'est rapproché de Vladimir Poutine, qui attend son heure, rappelle la journaliste. La Russie souhaite élargir son champ d'influence. Elle n'a pas encore réussi sur l'Ukraine. Elle essaye sans succès sur les pays baltes. La Grèce serait un morceau de choix. Et une pierre dans le jardin de l'Union européenne."
La Chine a aussi des intérêts économiques en Grèce, explique Valérie Auger. "Il faut aussi se rappeler que c'est là que se trouve l'une des seules bases américaines en Europe (...). Pour l'instant, je suis étonnée de voir que Barack Obama n'est absolument pas dans le jeu, d'une façon ou d'une autre."
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