"On va être obligés de regarder à deux fois et de faire très attention" : avant France-Israël, les inquiétudes des spectateurs pour ce match "très politique"

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Quelque 4 000 policiers et gendarmes vont être mobilisés pour sécuriser la rencontre entre la France et Israël, jeudi au Stade de France. (photo d'illustration , le 11 juillet 2019). (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)
Après les violences survenues à Amsterdam, le match de football entre la France et Israël va se tenir jeudi sous haute surveillance policière.

Un stade qui risque de sonner creux. Un peu plus de 20 000 spectateurs - sur les 80 000 possibles - sont attendus jeudi 14 novembre dans les gradins du Stade de France pour le match France-Israël selon la Fédération Française de Football et ce, dans un contexte sécuritaire tendu, après les violences survenues à Amsterdam à la suite du match entre le Maccabi Tel-Aviv et l'Ajax.

La rencontre est "dorénavant un événement sportif très politique. Est-ce que la République est capable de tenir face à ceux qui veulent la faire reculer ? Sommes-nous capables collectivement d'organiser un simple match de foot quand il est menacé par des antisémites et des semeurs de haine ?", s'interroge Yonathan Arfi sur franceinfo.

"Qui va assurer ma sécurité ?"

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) confie qu''Il y a une inquiétude certaine par rapport à un match de cet enjeu sur le plan sécuritaire évidemment, un peu comme avant les JO, il y avait beaucoup de crainte avec la venue de la délégation israélienne". Un double périmètre de sécurité sera mis en place autour du stade, 4 000 policiers seront mobilisés dont certains à l'intérieur du Stade de France, ainsi que 1 600 agents de sécurité.

C'est donc un dilemme pour les supporters d'un côté comme de l'autre : entre ceux qui ont renoncé par peur de débordements violents ou d'agression et ceux qui iront quand même, rassurés ou pas par le dispositif policier ou pour des raisons politiques.

Dès qu'elle a vu les images des violences contre des supporters israéliens à Amsterdam, l'épouse de Philippe l'a supplié de renoncer à aller au Stade de France. "Je n'irai pas à ce match, assure-t-il. Ils vont assurer la sécurité autour du stade. Et après, qu'est-ce qui se passe ? Qui va assurer ma sécurité si je suis avec des copains qui ont un drapeau israélien dans le métro ? Là, vous êtes obligés de regarder à deux fois et de faire très attention"

"Une portée symbolique"

Julien a aussi pris la décision de suivre le match France-Israël à la télévision : "J'avais prévu d'y aller avec des copains. On était heureux de se retrouver comme d'habitude au Stade de France où on prend plaisir à suivre l'équipe de France, à la supporter".

"Là, je sens que je ne vais pas vivre de l'émotion mais plutôt de la tension".

Julien, supporter des Bleus

à franceinfo

Le contexte inquiète également Barbara mais cette Française de confession juive, originaire de Marseille, ira quand même. "Je n'avais pas prévu d'y aller. Pour moi, cela a un peu une portée symbolique pour dire : 'je ne baisserai pas la garde contre la haine anti-juive''", estime la jeune femme. 

Près de 4 000 policiers et gendarmes mobilisés

Barbara se rendra au match avec la DDF, une association pour la défense de la diaspora juive française née après le 7 octobre, décriée par certains sur les réseaux sociaux. L'un de ses co-fondateurs Patrick Bensimon salue l'imposant dispositif de sécurité. Malgré tout, "il y a quand même le transport qui pose problème pour aller au Stade de France. Nous avons jusqu'à présent 500 personnes, 10 bus qui vont partir de l'ouest parisien. On va être accompagnés de la police nationale, des motards et aussi d'un service qui s'appelle le SPCJ (Service de protection de la communauté juive) qui est un service dédié à la communauté juive"

De son côté, l'association "No Silence" affirme acheminer 300 personnes. C'est une démarche politique pour sa présidente, Mélanie Pauli-Geysse : "Le sport aujourd'hui participe au mouvement sioniste et de défense de l'État d'Israël".

"On a décidé de mobiliser et de défendre Israël à travers le sport, vu qu'en face, on avait des personnes qui voulaient casser du juif".

Mélanie Pauli-Geysse, de l'association "No Silence"

à franceinfo

Oublier la politique, c'est ce qu'espère Joseph Delage, membre du bureau de l'association de supporters des Bleus, "les Irrésistibles". "Notre association est apolitique, explique-t-il. C'est le retour des Bleus au Stade de France : j'attendais donc ça avec impatience depuis près d'un an et demi. Nous, on est là juste pour supporter les Bleus et passer un bon moment entre supporters"

L'association a fait un sondage auquel près de 500 adhérents sur 2 500 au total ont répondu, et 15 % se sont prononcés en faveur d'un boycott du match France-Israël en soutien à Gaza.

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