"C'est pire qu'avant" : en Italie, le bilan plus que mitigé de la maire 5 étoiles de Turin
La ville a été un temps présentée comme la vitrine du Mouvement 5 étoiles, parti qui soutient le Premier ministre Giuseppe Conte. Mais de nombreux habitants expriment désormais leur déception.
"Ce qu’ils ont fait, les '5 étoiles' ? Rien... Ils ne font rien pour nous, c'est pire qu'avant", lâche Antonella, vendeuse depuis 46 ans à Porta Palazzo, le plus grand marché d’Europe. L'Italienne est sévère sur le bilan de la maire de sa ville, Turin. C'est, avec Rome, une des grandes villes gérées par le Mouvement 5 étoiles, parti qui vient de conclure un accord de gouvernement avec les démocrates de centre-gauche.
Mais le bilan de mi-mandat à Turin est plus que mitigé. La maire, Chiara Appendino, s’était par exemple engagée à maîtriser l’expansion des supermarchés pour protéger le petit commerce. Mais la vendeuse du marché, Antonella, s’offusque : "Mais non, ils en ouvrent tout le temps ! Là où j’habite, à côté du stade de la Juventus, ils ont ouvert cette année Banco fresco, Eurospine, Lidl, Acqua & saponé... Il y en a au moins six ou sept."
Incompétence et scandales
Le Premier ministre désigné, Giuseppe Conte, présentera son nouveau gouvernement d'ici mercredi 4 septembre au plus tard, pour mettre un terme à la crise politique qui secoue l'Italie. Le Mouvement 5 étoiles, parti populiste et antisystème né il y a à peine dix ans, a beaucoup souffert de sa première expérience gouvernementale avec la Ligue de Matteo Salvini. L'homme politique controversé est pourtant défendu par certains habitants.
Le seul qui a fait quelque chose, c’est Salvini : lui au moins, il agit.
Antonella, une marchandeà franceinfo
"Sur le marché, au lieu de nous aider, la maire donne des licences pour rien aux immigrés, poursuit Antonella. Ce stand, moi je l’ai acheté, en 1975. Je ne peux même plus le revendre, parce qu’il n'y a plus que des étrangers, qui payent seulement 11 euros par jour. Ils sont où, les sacrifices que j’ai faits toute ma vie ?"
À ses débuts, Chiara Appendino était pourtant la maire la plus populaire d’Italie. Mais les scandales se sont accumulés : procès pour négligence après une bousculade mortelle, démission d’un porte-parole pris dans un conflit d’intérêt, départ fracassant du Salon de l’auto... Pour le patron local des démocrates, Stefano Lo Russo, le Mouvement 5 étoiles brille surtout par son incompétence : "Cette administration n’a aucune vision, elle a vécu au jour le jour."
La municipalité a fait perdre à la ville énormément d’opportunités, alors que la population et l’économie traversent des moments difficiles.
Stefano Lo Russo, représentant des démocratesà franceinfo
Depuis l’hôtel de ville, un palais du XVIe siècle, Chiara Appendino défend son bilan : renouvellement de la flotte de bus, extension des pistes cyclables... Elle confirme son opposition aux grands projets comme les Jeux Olympiques d’hiver. "Nous sommes l’une des villes les plus endettées d’Italie. Moi, j’ai décidé d’assainir les comptes, pour que dans trois ans, à la fin de mon mandat, je laisse une ville qui sera revenue à l’équilibre et qui pourra de nouveau faire des investissements. Mais maintenant, ce n’est pas possible et je dois aussi faire des coupes budgétaires. Est-ce que ça fait consensus ? Probablement non. Est-ce que c’est juste ? Pour moi, oui."
La ville n’est pourtant plus présentée comme la vitrine du mouvement. Aux élections législatives, l’an dernier, seuls 17% des électeurs turinois ont voté "5 étoiles".
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