Guerre au Proche-Orient : Israël est coupable de "crime d'extermination" et d'"actes de génocide" dans la bande de Gaza, affirme Human Rights Watch

Dans une enquête publiée jeudi, l'ONG accuse les autorités israéliennes de priver "intentionnellement les civils palestiniens d'un accès adéquat à l'eau".
Article rédigé par franceinfo
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Un enfant remplit des seaux d'eau près de tentes de Palestiniens déplacés à Gaza, dans la bande de Gaza, le 11 décembre 2024. (OMAR AL-QATTAA / AFP)

De nouvelles accusations, deux semaines après celles d'Amnesty International. Dans une nouvelle enquête, l'ONG Human Rights Watch (HRW) affirme, jeudi 19 décembre, que les autorités israéliennes "ont délibérément imposé des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d'une partie de la population" dans la bande de Gaza, "en privant intentionnellement les civils palestiniens d'un accès adéquat à l'eau". "Ce faisant, les autorités israéliennes sont responsables du crime contre l'humanité d'extermination, et d'actes de génocide", accuse l'organisation internationale de défense des droits humains. 

"Ce type de comportement, associé à des déclarations suggérant que certains responsables israéliens souhaitaient détruire des Palestiniens à Gaza, peut être assimilé au crime de génocide." 

Human Rights Watch

dans un communiqué

Pour cette enquête de 184 pages, Human Rights Watch a notamment interrogé plus de 60 Palestiniens de la bande de Gaza et une trentaine de professionnels de santé, ainsi que des personnes travaillant pour l'ONU et d'autres organisations humanitaires dans l'enclave palestinienne. Elle s'est aussi basée, entre autres, sur les données de spécialistes des questions liées à l'eau et à l'assainissement.

Un accès à l'eau très entravé 

L'ONG rappelle qu'après l'attaque terroriste lancée par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, les autorités de l'Etat hébreu "ont coupé l'eau et empêché le carburant, la nourriture et l'aide humanitaire d'entrer dans la bande de Gaza". Ces mêmes autorités "continuent de restreindre l'entrée de l'eau, du carburant, de la nourriture et de l'aide" dans l'enclave palestinienne, "et de couper l'électricité", poursuit l'organisation.

HRW ajoute que Tel-Aviv interdit aussi l'arrivée "de la quasi-totalité de l'aide liée à l'eau", comme des réservoirs et systèmes de filtration, ou encore des matériaux pour la réparation d'infrastructures. Le rapport affirme en outre que les forces israéliennes ont "délibérement attaqué, et ainsi endommagé ou détruit" plusieurs installations "majeures" d'eau, d'assainissement et d'hygiène à Gaza. 

La mort "probable" de "milliers" de personnes 

En près d'un an de guerre, d'octobre 2023 à septembre 2024, les mesures décidées par Israël ont "privé la majorité" des Gazaouis d'un "accès à la quantité minimale d'eau" quotidienne conseillée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dénonce Human Rights Watch. L'agence sanitaire de l'ONU (PDF) estime que toute personne doit avoir accès, chaque jour, à entre 50 et 100 litres d'eau pour répondre à ses besoins. 

"Pour beaucoup d'habitants à Gaza, une grande partie, voire la totalité, de l'eau à laquelle ils ont eu accès n'est pas potable."

Human Rights Watch

dans un rapport

Pour l'ONG, il est "probable" que la faim, la déshydratation et des maladies – notamment transmises par l'eau − aient provoqué la mort de "milliers de Palestiniens" dans la bande de Gaza depuis le début des représailles israéliennes dans l'enclave, en plus du bilan déjà connu du conflit dans l'enclave palestinienne, qui a dépassé les 45 000 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas. L'accès entravé à une eau potable et propre a aussi entraîné la propagation de maladies et des problèmes de santé pour "des centaines de milliers de personnes", notamment des diarrhées ou l'hépatite A. 

Selon Human Rights Watch, les autorités israéliennes n'ont pas répondu à deux sollicitations de l'ONG au sujet d'attaques sur des installations d'eau et d'assainissement. 

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