Cartes Guerre au Proche-Orient : visualisez les déplacements des populations fuyant les frappes israéliennes au Liban

En raison de la reprise récente des hostilités entre Israël et le Hezbollah, des centaines de milliers de Libanais et de Syriens ont dû quitter leur lieu de vie, principalement du sud vers le nord.
Article rédigé par Brice Le Borgne - avec AFP
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Des habitants de Beyrouth (Liban) doivent quitter leur quartier après des frappes israéliennes, le 11 octobre 2024. (NAEL CHAHINE / MIDDLE EAST IMAGES / AFP)

Israël est désormais en guerre ouverte avec le Hezbollah et ce sont des centaines de milliers de personnes que le conflit a jetées sur les routes du Liban. "Cette situation est désastreuse", s'est alarmé Othman Belbeisi, patron de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dans un entretien à l'AFP publié vendredi 11 octobre. "Avec cette vague de déplacés, les besoins sont énormes, explique-t-il. Ce qui a été rassemblé jusqu'ici est sans commune mesure avec les besoins." 

Depuis le mois d'octobre 2023, l'OIM a recensé près de 690 000 personnes déplacées de leur district d'origine, dont 580 000 sur le seul dernier mois. Dans son bulletin publié jeudi, elle note que le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays continue d'augmenter, à raison de 13% depuis le 6 octobre. D'après l'organisation, près de 70% d'entre eux sont des femmes et des enfants.

Plus d'un quart des déplacés vivent dans des centres d'accueil

Tout le pays est concerné. Comme le montre la carte ci-dessous réalisée à partir des décomptes de l'OIM, les districts les plus concernés sont avant tout ceux frontaliers d'Israël, bastions du Hezbollah et bombardés par l'Etat hébreu depuis plusieurs semaines. Pas moins de 222 000 résidents du district de Tyr ont quitté la zone. Le district voisin de Bent Jbeil est le second le plus touché. Par ailleurs, plus au nord-est du pays, celui de Baalbek est également concerné : c'est une zone là encore frappée par l'armée israélienne ces dernières semaines. 

Inexorablement, ces personnes déplacées se dirigent vers le nord. Les districts qui en accueillent le plus (en bleu sur notre carte) sont ceux de Beyrouth, de Chouf et d'Aley, au sud de la capitale, mais aussi d'Akkar (au nord de Baalbek). Parmi ces déplacés internes, plus d'un quart vit dans des centres d'accueil, majoritairement des écoles mises à disposition par les autorités. Presque autant ont loué un appartement ou une chambre, et 47% vivent "chez des hôtes", selon l'OIM, le plus souvent des membres de la famille élargie. Le reste, sans abri, dort dans la rue.

Mais les bombardements israéliens ne provoquent pas seulement ces déplacements massifs à l'intérieur du pays. Plus de 392 000 Libanais et Syriens ont ainsi quitté le pays, selon les chiffres de l'OIM (à partir de ceux des autorités libanaises), la grande majorité par voie terrestre. Les services de l'agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) rapportent pour leur part que 258 000 personnes ont fui le Liban pour rejoindre la Syrie entre le 24 septembre et le 10 octobre 2024. "On estime qu'environ 70% d'entre eux sont syriens, et 30% libanais", note l'organisme. Depuis 2011 et le début de la guerre civile en Syrie, plus de 6,5 millions de personnes ont fui ce pays, estiment les Nations unies. Le Liban en a accueilli 1,5 million, selon Human Rights Watch

Des milliers de réfugiés vont en Irak

L'UNHCR, en s'appuyant sur les chiffres du Croissant-Rouge arabe syrien (Sarc), recense ainsi depuis la fin septembre les passages aux frontières. D'après son décompte, la zone principale pour les réfugiés se situe aux postes de Masnaa (Liban) et de Jdeidet Yabous (Syrie) : 193 000 personnes l'ont franchie ces dernières semaines. C'est non loin de là que l'armée israélienne a mené un raid le 4 octobre, coupant la principale route entre les deux pays. Plusieurs dizaines de milliers de traversées sont également enregistrées plus au nord, notamment vers Homs.

Des Libanais quittent aussi leur pays en direction d'Etats encore plus éloignés. Entre le 27 septembre et le 6 octobre, le Haut-Commissariat aux réfugiés a recensé environ 6 500 Libanais arrivés en Irak, soit après avoir traversé la Syrie par la route, soit par avion. 

Face à cette situation, l'ONU a lancé un appel, le 1er octobre, en vue de récolter 426 millions de dollars de dons, afin de couvrir ses opérations durant trois mois, tout en ajoutant que la crise pourrait durer plus longtemps. L'OIM, à elle seule, explique qu'elle aura besoin de 32 millions de dollars pour venir en aide à 400 000 personnes. Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a annoncé vendredi n'avoir reçu que 51 millions de dollars, soit 12% des fonds réclamés.

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