Guerre à Gaza : pourquoi l'ONU a réévalué le nombre de femmes et d'enfants palestiniens tués depuis le début du conflit
Le changement a suscité des interrogations – et la diffusion de fausses informations – sur le bilan de la guerre dans la bande de Gaza. Entre les lundi 6 et mercredi 8 mai, le bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha) a publié deux bilans différents du conflit armé entre Israël et le Hamas. L'interrogation concerne en particulier la part de femmes et d'enfants tués dans l'enclave palestinienne depuis le début des opérations israéliennes en représailles aux attentats du 7 octobre.
Dans son rapport datant du 6 mai, la branche de l'Ocha dans les territoires palestiniens occupés faisait état de 34 735 personnes tuées dans la bande de Gaza, depuis le tournant du 7 octobre. Parmi ces victimes, l'Ocha recensait plus de 9 500 femmes et plus de 14 500 enfants, à partir des données du bureau de presse du gouvernement gazaoui, dirigé par le Hamas.
L'ONU s'appuie de nouveau sur les bilans du ministère de la Santé local
Deux jours plus tard, une différence notable est apparue dans un nouveau bilan. Le nombre total de victimes, au 8 mai, est de 34 844 personnes, d'après l'Ocha. Parmi ces victimes, 24 686 ont été identifiées : 10 006 hommes, 4 959 femmes et 7 797 enfants. Les 1 924 autres victimes sont des personnes âgées. Pour les femmes comme pour les enfants, les chiffres ont pu donner l'impression d'avoir été revus à la baisse.
Ces nouvelles données sont celles du ministère de la Santé de la bande de Gaza. Farhan Haq, porte-parole adjoint de l'ONU, a expliqué lundi que l'organisation utilisait de nouveau cette source, après avoir temporairement eu recours aux chiffres du bureau de presse du Hamas, pendant une pause dans les bilans donnés par le ministère de la Santé, explique-t-il, cité par le New York Times.
Les informations du ministère de la Santé sont plus précises, car elles détaillent le nombre de victimes identifiées. Néanmoins, plus de 10 000 autres personnes ont été tuées (dans le bilan global qui fait état de près de 35 000 morts). Ces corps "doivent encore être totalement identifiés", a précisé Farhan Haq. "Les détails concernant ces personnes – qui sont des enfants, qui sont des femmes – seront rétablis une fois que le processus d'identification complet sera achevé", a-t-il déclaré.
Une proportion de femmes et d'enfants toujours très élevée
L'ONU continue donc de présenter un bilan total d'un peu moins de 35 000 "décès signalés" à Gaza. Mais "sur les 25 000 identifiés, si vous regardez les chiffres [du ministère de la Santé], il y avait 40% d'hommes, 20% de femmes, 32% d'enfants et (...) 8% de personnes âgées", précise Christian Lindmeier, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En considérant qu'il y a autant d'hommes que de femmes parmi les personnes âgées tuées, l'OMS fait état de "56% de femmes et enfants" parmi les victimes des hostilités.
D'après Christian Lindmeier, parmi les corps en attente d'identification totale, "il y a une forte probabilité de trouver plutôt des femmes et des enfants, parce que ce sont typiquement ceux qui restent à la maison". "Sur la base d'une projection statistique minimale", le bilan serait ainsi de "60% de femmes et enfants" tués. La proportion de femmes et d'enfants est donc à ce stade revue quelque peu à la baisse, de 69% à 60%. Elle reste néanmoins très élevée.
Le gouvernement israélien critique ouvertement l'usage de données fournies par les autorités gazaouies. "Quiconque a recours à de fausses données d'une organisation terroriste pour promouvoir des accusations de meurtre rituel contre Israël est antisémite et soutient le terrorisme", a fustigé le ministre des Affaires étrangères israélien, Israël Katz, appelant à la démission du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Les agences de l'ONU rappellent que ces données sont les seules disponibles, et qu'elles ont été relativement exactes au cours des précédents conflits, depuis l'arrivée au pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza.
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