Guerre au Proche-Orient : on vous raconte le week-end de tensions entre Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou

Le président français s'est prononcé pour l'arrêt des livraisons d'armes à l'Etat hébreu samedi, suscitant la colère du Premier ministre israélien.
Article rédigé par franceinfo
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Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le 24 octobre 2023, à Jérusalem. (CHRISTOPHE ENA / AFP)

Un coup de froid sur les relations franco-israéliennes, en pleines commémorations du premier anniversaire du 7-Octobre. La tension est montée d'un cran, samedi 5 octobre, entre Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou, après que le président français s'est dit favorable à l'arrêt des livraisons d'armes utilisées par l'Etat hébreu dans la bande de Gaza, suscitant l'ire du Premier ministre israélien. Les deux dirigeants se sont entretenus par téléphone dimanche, "en toute franchise et dans le respect de l'amitié entre la France et Israël" pour apaiser la situation, selon l'Elysée. Franceinfo revient en trois actes sur ce week-end sous haute tension.

1 Emmanuel Macron s'exprime sur la situation

Tout a commencé samedi avec la diffusion sur France Inter d'une interview du chef de l'Etat enregistrée mardi après-midi, soit avant l'attaque de missiles iraniens sur Israël, à l'occasion du 19e Sommet de la francophonie. Dans cet entretien, Emmanuel Macron déclare que "la priorité" pour résoudre le conflit qui sévit au Proche-Orient est de revenir "à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza", ajoutant que "la France n'en livre pas".

Le ministre délégué auprès du ministre des Armées, Jean-Louis Thiériot, a répété sur franceinfo dimanche que la France ne livrait pas d'armes à Israël. En mars, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait expliqué que les composants militaires français n'étaient fournis à Israël que pour des "systèmes purement défensifs", comme le "Dôme de fer" installé pour contrer les tirs de roquettes et missiles.

Dans cette interview, le président français a également appelé Benyamin Nétanyahou à "entendre" ce que lui dit la communauté internationale. "Le peuple libanais ne peut pas à son tour être sacrifié et le Liban ne peut pas devenir un nouveau Gaza", a poursuivi Emmanuel Macron, mentionnant l'opération israélienne contre le Hezbollah au Liban. "C'est pourquoi tous ces derniers jours, nous avons demandé qu'il y ait un arrêt de ces opérations", a-t-il ajouté. "On ne lutte pas contre le terrorisme et les terroristes en sacrifiant une population civile."

"Je pense que nous ne sommes pas entendus. Je l'ai redit au Premier ministre Nétanyahou et je pense c'est une faute, y compris pour la sécurité d'Israël demain", a souligné le locataire de l'Elysée. "On le voit bien dans nos opinions publiques, on le voit de manière encore plus terrible dans les opinions publiques de la région, c'est au fond un ressentiment qui est en train de naître, une haine qui est nourrie par cela", a-t-il conclu.

2 Benyamin Nétanyahou réagit vertement

Ces propos ont immédiatement fait réagir le Premier ministre israélien. "Alors qu'Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l'Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d'Israël", a immédiatement fustigé Benyamin Nétanyahou dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, intitulée "Mon message à Macron".

"Pourtant, le président Macron et d'autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à des embargos sur les armes contre Israël. Ils devraient avoir honte"

Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israélien

dans une vidéo

Le chef du gouvernement israélien réagit ainsi aux propos du président français, mais également aux décisions prises par plusieurs pays occidentaux, comme le Canada, l'Espagne, l'Italie ou encore le Royaume-Uni. Ces derniers mois, ils ont choisi de cesser ou suspendre leurs livraisons d'armes à l'Etat hébreu. "Soyez assurés qu'Israël se battra jusqu'à ce que la bataille soit gagnée, pour notre bien et pour le bien de la paix et de la sécurité dans le monde", a encore martelé Benyamin Nétanyahou.

3 Les deux dirigeants s'expliquent au téléphone

Pour éviter que les relations diplomatiques entre Paris et Tel-Aviv ne soient définitivement rompues, les deux dirigeants se sont entretenus dimanche par téléphone. "A cette occasion, le président de la République et le Premier ministre israélien ont longuement évoqué la situation au Proche-Orient, en toute franchise et dans le respect de l'amitié entre la France et Israël", a fait savoir l'Elysée dans un communiqué. La présidence assure que "les deux dirigeants assument leurs différences de vue tout comme leur volonté d'être chacun bien compris de l'autre". Ainsi, Emmanuel Macron a refait part à Benyamin Nétanyahou de "sa conviction que le temps du cessez-le-feu est désormais venu".

Durant cet entretien, Emmanuel Macron "a redit au Premier ministre israélien que l'engagement de la France pour la sécurité d'Israël est indéfectible et lui a rappelé la mobilisation des moyens militaires français à sa défense lors des attaques menées par l'Iran au cours de ces derniers mois", précise encore l'Elysée. Le chef de l'Etat a aussi "exprimé la solidarité du peuple français avec le peuple israélien, tout particulièrement les victimes, les otages et leurs proches"

De son côté, le bureau du Premier ministre israélien a rapporté que Benyamin Nétanyahou avait demandé du "soutien" au président français. "On attend des amis d'Israël qu'ils le soutiennent et ne lui imposent pas de restrictions qui ne feront que renforcer l'axe du mal iranien", a-t-il déclaré à Emmanuel Macron, présentant l'offensive de son pays contre le Hezbollah comme "une opportunité pour changer la réalité au Liban au profit de la stabilité, de la sécurité et de la paix dans toute la région".

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