Guerre dans la bande de Gaza : l'offensive israélienne sur Rafah et ses "conséquences régionales incalculables" alarment la communauté internationale
Elle s'est muée en refuge pour les civils qui ont fui la guerre dans la bande de Gaza. Située entre la mer Méditerranée et la frontière avec l'Egypte, plus au sud, la ville de Rafah est devenue le centre de l'attention de l'armée israélienne ces derniers jours. La ville est pour l'heure le dernier centre urbain où l'armée israélienne n'a pas encore lancé d'assaut terrestre. Toutefois, dans un discours à la télévision mercredi 7 février, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a "donné l'ordre aux forces de défense israéliennes de préparer une opération à Rafah ainsi que dans deux camps [de réfugiés], derniers bastions restants du Hamas".
En attendant l'éventuel déclenchement de l'opération, la ville reste sous le feu de l'aviation et de l'artillerie israéliennes. Dans la nuit de dimanche à lundi, l'Etat hébreu a mené de nouvelles frappes aériennes sur Rafah. Le ministère de la Santé du Hamas affirme qu'elles ont fait une centaine de morts. Une opération commando terrestre a par ailleurs permis la libération de deux otages retenus par l'organisation islamiste.
Une population multipliée par six
Rafah constitue le principal point d'entrée de l'aide humanitaire, insuffisante pour répondre aux besoins de la population. Benyamin Nétanyahou a assuré dimanche à la chaîne américaine ABC que son pays assurerait un "passage sécurisé à la population civile pour qu'elle puisse quitter" les lieux avant l'assaut. "Nous mettons au point un dispositif détaillé pour y parvenir. (...) Nous n'abordons pas cela avec désinvolture", a-t-il ajouté. Mentionnant les zones au nord de Rafah qui ont été dégagées et pourraient être utilisées comme zones sécurisées pour les civils, il n'a cependant pas donné plus de détails sur la faisabilité de ce plan.
Cette offensive annoncée sur cette ville surpeuplée suscite de vives inquiétudes à l'étranger. Le président américain Joe Biden, allié historique d'Israël, a exhorté dimanche le Premier ministre israélien à "garantir" la sécurité de la population. De son côté, Paris estime qu'une "offensive israélienne à grande échelle à Rafah créerait une situation humanitaire catastrophique d'une nouvelle dimension et injustifiable", dans un communiqué publié dimanche.
Depuis le début du conflit début octobre, la population a été multipliée par six à Rafah, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). La ville accueille désormais 1,4 million de personnes, sur les 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza. "Un de mes collègues a décrit la situation à Rafah comme une 'cocotte-minute de désespoir'", a expliqué à franceinfo Andrea De Domenico, directeur du Bureau de la coordination des affaires humanitaires.
Un assaut sur Rafah aurait des "conséquences régionales incalculables", a prévenu sur X le secrétaire général de l'ONU et "augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire". Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé lundi, en marge du sommet des gouvernements mondiaux 2024 à Dubaï (Emirats arabes unis) cité par Al-Jazeera, que l'aide fournie jusqu'à présent à Gaza en matière de fournitures médicales n'est qu'une "goutte d'eau dans l'océan des besoins qui ne cessent de croître chaque jour."
Les négociations sur une trêve en danger ?
Outre la catastrophe humanitaire, cette offensive sur Rafah pourrait mettre à mal les négociations menées en vue d'une trêve et d'un accord sur la libération des otages détenus à Gaza. Le Hamas a prévenu dimanche qu'il "torpillerait" tout accord allant en ce sens.
"Le ciblage de Rafah" ainsi que "la politique continue d'Israël visant à entraver l'accès à l'aide humanitaire" constituent "la mise en œuvre de la politique de déplacement du peuple palestinien et de la liquidation de sa cause", s'est inquiété le ministère des Affaires étrangères égyptien cité par l'agence de presse turque Anadolu. Dans un message publié samedi sur X, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a également alerté sur les "graves tensions avec l'Egypte" que provoquerait un tel assaut.
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