Guerre entre Israël et le Hamas : à Gaza, c'est "l'enfer sur terre" et la "souffrance partout", témoigne le CICR
La bande de Gaza, c'est "l'enfer sur terre" et la "souffrance partout", a témoigné mardi 5 décembre sur franceinfo Frédéric Joli, porte-parole du Comité international de la Croix rouge (CICR), alors que l'armée israélienne a lancé son offensive dans le sud de Gaza. "Il n'y a pas un endroit dans la bande de Gaza qui soit à peu près en sécurité", a-t-il poursuivi.
La population est dans un "dénuement total" et manque des biens essentiels : eau, nourriture et soins. "Essayer d'imaginer une réponse humanitaire substantielle alors qu'il y a des combats est totalement illusoire", a expliqué Frédéric Joli.
franceinfo : quel est le quotidien de la population civile dans la bande de Gaza ?
Frédéric Joli : C'est essayer de trouver à manger, de l'eau potable, d'avoir accès aux soins. Lundi, la présidente du CICR était à Gaza. Elle a rendu visite à notre équipe chirurgicale qui opère dans l'hôpital européen à Khan Younès dans le sud la bande de Gaza pour faire ce constat terrible : l'équipe chirurgicale, qui travaille depuis maintenant plus de trois semaines, ne fait qu'amputer des gens. Non pas parce qu'ils ont été blessés sous les décombres ou dans des combats, juste parce que ce sont des plaies qui n'ont pas été soignées qui se sont infectées. Pour éviter la septicémie ou la gangrène, notre équipe chirurgicale ampute à tour de bras. La présidente du CICR n'a pu que constater les conditions effarantes dans lesquelles travaillent les personnels de santé dans cet hôpital européen à Gaza.
La population civile manque de tout ?
Toutes les pénuries se sont empilées très rapidement dès le début. Imaginez des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées qui ont dû se déplacer vers le sud, doublant ainsi la densité de population, sans abris, sans sécurité. Ils ont été déplacés plusieurs fois et le fait que les hostilités reprennent les poussent à nouveau à se déplacer. Il n'y a pas un endroit dans la bande de Gaza qui soit à peu près en sécurité. Cela concerne au premier chef la population de Gaza, mais aussi tous les acteurs humanitaires qui sont sur le terrain. Essayer d'imaginer une réponse humanitaire substantielle alors qu'il y a des combats est totalement illusoire. Aujourd'hui, c'est la souffrance partout, c'est la souffrance pour les familles des otages qui ne sont toujours pas libérés et c'est aussi une souffrance absolument inquantifiable aujourd'hui à l'échelle de toute la bande de Gaza.
Il n'y a aucun endroit où les civils sont en sécurité ?
Au Sud, il y a aussi des combats. Les gens sont stressés, n'ont plus rien, n'ont pas accès aux soins, pas d'eau potable, donc il y a des risques de maladies hydriques, diarrhées. Les gens n'ont pas à manger. Il y a eu des pluies très importantes la semaine dernière. C'est un dénuement total, avec une concentration de population qui est tout à fait effrayante. Gaza est l'endroit le plus peuplé au monde et à partir du moment où vous avez des opérations de combats dans une zone extrêmement peuplée, c'est la population civile qui en prend plein la tête. Mais c'est aussi l'impossibilité pour cette population de trouver un abri. On a bien vu pendant la trêve humanitaire, où justement le CICR procédait aux libérations d'otages et de prisonniers, les gens n'avaient plus en tête le problème de sécurité et cherchaient plutôt à essayer de se nourrir et avoir accès à l'eau. Aujourd'hui, on est reparti dans le scénario qui prévalait avant, c'est-à-dire l'enfer sur terre, n'ayons pas peur des mots, avec l'incapacité d'avoir accès aux biens essentiels, mais en plus de vivre dans cette anxiété permanente de bombardements, de combats, des choses qui vous empêchent tout simplement de vivre ces derniers jours.
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