Guerre entre Israël et le Hamas : quatre questions sur la jetée temporaire construite par les Etats-Unis pour acheminer de l'aide à Gaza

Ce port artificiel permettra à des bateaux de débarquer de grandes quantités de marchandises en eaux profondes, ce qui est aujourd'hui impossible à Gaza.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Vue aérienne de la jetée en construction à Gaza, le 29 avril 2024. (US CENTRAL COMMAND / ANADOLU / AFP)

L'armée américaine est sur le point d'achever la construction d'une jetée temporaire très attendue sur la côte de Gaza. Ce port artificiel doit permettre d'acheminer par la mer une aide humanitaire cruciale pour les Gazaouis. Dans l'enclave palestinienne assiégée par l'armée israélienne depuis les attaques terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, eau, vivres et médicaments arrivent actuellement au compte-gouttes par la terre ou par les airs. Franceinfo répond à quatre questions qui se posent sur cette infrastructure.

1 Pourquoi les Etats-Unis ont-ils décidé de construire un port temporaire à Gaza ? 

Depuis le début de la guerre, la situation humanitaire de la population civile gazaouie est critique. Strictement contrôlée par les autorités israéliennes, l'aide internationale entre dans l'enclave palestinienne principalement depuis l'Egypte via le poste frontière de Rafah. Mais ces livraisons restent très insuffisantes face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.

Le Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC), un partenariat noué entre l'ONU et des ONG, destiné à évaluer les risques de crise alimentaire à travers la planète, a alerté dans un rapport publié le 18 mars sur le risque d'une famine dans la bande de Gaza. "L'ensemble de la population (...) est confronté à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë", précise l'IPC.

Dans son discours annuel sur l'état de l'Union le 7 mars, le président américain, Joe Biden, a donc annoncé la construction par l'armée américaine d'un "embarcadère temporaire" sur la côte de Gaza. Cet ouvrage doit permettre, selon le dirigeant démocrate, "d'augmenter massivement le volume de l'aide humanitaire acheminée chaque jour" vers l'enclave palestinienne avec l'envoi "d'importantes cargaisons de nourriture, d'eau, de médicaments et d'abris temporaires".

De l'aide a également commencé à être larguée par les airs. Début mars, trois avions de l'US Air Force ont pour la première fois parachuté une aide humanitaire d'urgence. "L'aide apportée (...) est loin d'être suffisante et nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'elle soit acheminée en plus grande quantité", avait déclaré sur le réseau social X Joe Biden après cette opération.

2 Comment la jetée est-elle construite ?

Gaza ne disposant pas de port en eaux profondes permettant à des navires d'accoster, l'armée américaine a commencé le 25 avril l'assemblage des éléments nécessaire à ce port artificiel, dont le coût est estimé par le Pentagone à quelque 320 millions de dollars. Un millier de militaires américains sont mobilisés pour la construction de cet ouvrage, une structure militaire nommée "Joint Logistics Over-The-Shore" (JLOTS), a précisé un haut fonctionnaire américain lors d'un point presse le 25 avril.

Aucun soldat "ne touchera le rivage", a assuré ce responsable américain. La construction de la jetée temporaire s'effectue en coordination avec l'armée israélienne, a-t-il précisé. "Une unité du génie de l’armée américaine s’est associée à une unité du génie des forces de défense israéliennes pour (...) s’entraîner à la mise en place du JLOTS", a-t-il expliqué. La fixation de la jetée au rivage doit être effectuée en collaboration avec Tel-Aviv.

3 Comment l'aide sera-t-elle acheminée jusqu'à cette jetée ?

L'aide destinée à Gaza sera chargée sur des navires civils à Chypre, dans le port de Larnaca. L'île de Méditerranée orientale est le pays de l'Union européenne le plus proche de la bande de Gaza, située à quelque 370 kilomètres.

Avant de prendre la mer, les marchandises feront l'objet de contrôles par les autorités chypriotes en présence de représentants israéliens, précise le New York Times. Toujours d'après le quotidien américain, les normes mises en place lors de ces contrôles seront identiques à celles appliquées lors des inspections menées par les autorités israéliennes sur les camions d'aide humanitaire traversant le poste-frontière de Rafah.

Une fois arrivés à Gaza après 15 heures de voyage, les navires commerciaux déchargeront leur cargaison sur une plateforme flottante ancrée au large de l'enclave palestinienne. Les palettes de marchandises seront ensuite chargées dans des camions, eux-mêmes transportés sur des navires militaires américains chargés d'effectuer la navette entre la plateforme flottante et la jetée temporaire à deux voies mesurant 500 mètres de long.

Une fois à terre, les camions distribueront l'aide à travers le territoire palestinien "sous la coordination de l'USAID", l'agence des Etats-Unis pour le développement international. Plusieurs organisations participeront ensuite à la distribution de cette aide humanitaire, notamment le Programme alimentaire mondial.

L'administration américaine prévoit un "débit" de 90 camions lors des premiers jours de cette opération, "puis rapidement jusqu'à 150 camions (...), à mesure que nous atteindrons une pleine capacité opérationnelle", a précisé le haut fonctionnaire américain lors du point presse, soit environ 2 millions de repas par jour.

4 Quand la jetée temporaire entrera-t-elle en service ?

Trois jours après le début de la construction du port artificiel, le 28 avril, la secrétaire adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, a expliqué à la presse que l'armée américaine était en "bonne voie pour atteindre" l'objectif "du début du mois de mai". Selon le président chypriote, Nikos Christodoulides, Washington a informé son gouvernement que la construction du port temporaire devait s'achever jeudi 2 mai.

En déplacement en Jordanie mardi 30 avril, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a pour sa part dévoilé une autre date de mise en service. "Nous avons un couloir maritime sur lequel nous travaillons et, je dirais, dans environ une semaine, il sera prêt". L'ex-conseiller du président Barack Obama a également souligné que cette jetée temporaire n'avait pas vocation à "se substituer" aux convois terrestres.

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