"Ce n’est pas une prise d’otage conventionnelle" : la question des otages au cœur de la riposte israélienne contre le Hamas
Le sort des otages est toujours incertain alors que le conflit se poursuit entre Israël et le Hamas. De nouveaux raids israéliens ont frappé Gaza jeudi 12 octobre en riposte à l'attaque sanglante lancée par le mouvement palestinien du Hamas samedi 7 octobre. Elle a traumatisé Israël et déclenché une guerre dont les morts se comptent déjà par milliers. L'armée israélienne a annoncé le chiffre de 1 200 Israéliens tués, pour la plupart des civils non armés, tandis que dans la bande de Gaza, le bilan s'élève à 1 055 morts, selon les autorités locales.
À ces morts, s'ajoute le sort des otages détenus par le Hamas. Ils seraient 150 environ, selon une estimation des autorités israéliennes ou étrangères. Il y a des femmes, des enfants, des personnes âgées, des militaires... Tous se trouvent aux mains du Hamas, cachés dans la bande de Gaza, avec la menace d'être exécutés.
C’est une situation inédite qui a trois objectifs selon Sarah Fainberg, spécialiste militaire israélienne : "La prise d’otage a, premièrement, un but psychologique très important. Le second, c’est d’utiliser ces otages comme monnaie d’échange pour la libération de milliers de terroristes palestiniens et le troisième objectif, c’est de poser le cadre du jeu et de limiter les frappes aériennes israéliennes".
Malgré tout, pour Pierre Martinet, ancien agent du service action de la DGSE, la direction générale de la sécurité extérieure, les otages ne sont pas une monnaie d’échange. "Ce n’est pas une prise d’otage conventionnelle, explique-t-il. Il n’y a pas de revendication. Le Hamas est dans un jusqu’au-boutisme tel qu’il veut aller jusqu’au sacrifice. Les otages vont, malheureusement je le crains, servir de boucliers".
"Les otages sont là pour être abattus en cas d’attaque"
Pierre Martinet, ancien agent du service de la DGSEà franceinfo
Une intervention armée pour délivrer les otages s'annonce difficile car personne ne sait où ils se trouvent exactement. Il y a donc deux options qui s'offrent aux militaires, indiquent les spécialistes. Soit ils encerclent de façon radicale les preneurs d'otages pour les amener à négocier, soit ils entrent dans Gaza avec l'option de la guerre totale et cela, quel que soit le coût humain.
"Je pense qu’il y a effectivement une opération terrestre dite conventionnelle qui est en train de se préparer, parce qu'on voit de nombreux chars qui se massent aux portes de Gaza. En revanche, je pense que les unités spécialisées dans la libération d'otages ou bien dans la localisation d'otages, sont sur le pont pour essayer d'en localiser un maximum. Et pourquoi pas, avant de lancer une opération terrestre conventionnelle de grande envergure, tenter des opérations spéciales pour les libérer. C'est le dilemme. Est-ce qu'on détruit le Hamas en ayant la crainte de tuer des otages ou est-ce qu'on essaye de libérer des otages avant ? Dans les deux cas, il y aura de la casse", estime Pierre Martinet.
Il faut aussi prendre en compte que l’armée israélienne a, dans son arsenal, la "directive Hannibal". Un protocole secret qui existe depuis les années 1980 pour régler les prises d'otages de soldats et hauts gradés militaires israéliens. "On ne donne rien au preneur d'otages, on ne parle pas avec lui, on essaye de le tuer. Même si ça fait courir un risque à la vie des otages détenus par ce terroriste", résume ainsi Renaud Girard, grand reporter qui a couvert le conflit israélo-palestinien et suivi l’armée israélienne.
Pour Pierre Martinet, ancien agent du service action de la DGSE, étant donné que les otages sont internationaux, "il doit y avoir une commanderie régionale, une coalition pour essayer de les libérer". Il pense aux forces spéciales françaises, américaines aussi, sachant qu’elles ont l’habitude, comme les forces spéciales israéliennes, de "travailler dans ce genre de situation". Même si le problème d’après lui, c’est déjà d’arriver à obtenir du renseignement avant de mener des actions spéciales.
Concernant l’option de la négociation, encore faut-il qu'il y ait des négociateurs, ce qui n'est pas le cas en ce moment. La seule initiative évoquée est celle du Qatar qui, pour le moment, jouerait juste le rôle d'intermédiaire mais là encore, il faut que les parties en présence souhaitent communiquer, ce qui n'est pas forcément le cas, à ce moment du conflit.
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