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Attaque du Hamas contre Israël : ce que l'on sait de la situation des otages détenus par le groupe palestinien

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Des combattants palestiniens emmènent une Israélienne faite prisonnière sur une moto le 7 octobre 2023, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. (AFP)
"Plus de 100 prisonniers" sont aux mains du mouvement terroriste, selon le bilan communiqué dimanche par le gouvernement israélien. Le Hamas et le Jihad islamique ont affirmé maintenir au moins 130 personnes en captivité.

Les images de civils et soldats capturés ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux et les médias israéliens. Après avoir lancé une offensive meurtrière, samedi 7 octobre, depuis la bande de Gaza, le mouvement islamiste palestinien du Hamas assure détenir 100 otages, tandis qu'une trentaine d'autres seraient aux mains du Jihad islamique. De son côté, le gouvernement israélien a déploré, dimanche, "plus de 100 prisonniers" parmi ses ressortissants.

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Au moins 130 Israéliens capturés, affirment le Hamas et le Jihad islamique

Les commandos de la Brigade al-Qassam, branche armée du Hamas, ont infiltré de nombreux villages israéliens autour de la bande de Gaza, samedi. Les combats au sol ont fait de nombreux morts, alors que des soldats et des civils israéliens ont été capturés en nombre. Le gouvernement israélien a annoncé dimanche, dans une infographie publiée sur le compte Facebook de son bureau de presse, que "plus de 100 prisonniers" étaient détenus par le mouvement islamiste palestinien.

Dans la nuit de dimanche à lundi, Moussa Abou Marzouk, un responsable du Hamas, a confirmé ce chiffre d'une centaine d'Israéliens capturés, dans un entretien à la chaîne d'information arabe al-Ghad TV, relayé par CNN. Un autre groupe armé palestinien, le Jihad islamique, a de son côté annoncé détenir au moins 30 otages supplémentaires à Gaza. Ces enlèvements d'Israéliens aux mains d'organisations terroristes sont "sans précédent" dans l'histoire du pays, a admis un porte-parole de l'Armée de défense d'Israël, auprès de CNN.

Des femmes, des enfants et des personnes âgées capturés ont été identifiés par leurs familles dans des vidéos circulant sur les réseaux sociaux. Yifat Zailer, une Israélienne de 37 ans, a confié sa terreur à l'AFP : sur une courte vidéo, elle a reconnu plusieurs membres de sa famille parmi les personnes enlevées et emmenées de force à Gaza. Sa cousine et ses enfants, âgés de neuf mois et de 3 ans, en font partie, tout comme son oncle et sa tante. "Ma tante est très malade, elle a besoin de ses médicaments", a-t-elle ensuite écrit sur son compte Facebook

Selon Libération, la moitié des otages civils seraient des festivaliers, qui participaient au rassemblement techno Tribe of Nova, qui se tenait dans le désert, à une demi-heure de la frontière entre Gaza et Israël. Le bilan est très lourd parmi les participants à cette fête : 250 corps ont été retrouvés sur place et de nombreuses personnes sont portées disparues, dont Shani Louk. Cette femme de 22 ans, de nationalité germano-israélienne, a été faite prisonnière par le Hamas. Elle a été identifiée par sa mère, sur une vidéo particulièrement violente diffusée sur les réseaux sociaux. "On nous a envoyé une vidéo où je peux clairement reconnaître notre fille, inconsciente (...), dans une voiture avec des Palestiniens qui la conduisent dans la bande de Gaza", a raconté la mère de la jeune femme à la BBC.

Sept Français portés disparus, des otages de différentes nationalités

Alors que deux Français ont été tués sur le territoire israélien, sept ressortissants français restent portés disparus lundi, a appris le correspondant de Radio France à Jérusalem de source diplomatique. Le ministère des Affaires étrangères cherchait dimanche à "clarifier la situation de plusieurs ressortissants qui n'ont pu être localisés". Un Franco-Israélien de 26 ans pourrait avoir été enlevé par le Hamas samedi matin dans le sud d'Israël, a affirmé le député Meyer Habib, élu dans la circonscription des Français de l'étranger comprenant Israël. Participante au festival Tribe of Nova, la Franco-Israélienne Céline Ben-David Nagar reste introuvable, lundi matin. Interrogé par BFM, son frère a assuré n'avoir "aucune nouvelle" de sa sœur, malgré toutes ses recherches. "Si [Céline] est dans les mains du Hamas, qu'ils nous le disent", a-t-il témoigné.

Si l'identité et la nationalité des otages du Hamas n'ont pas été dévoilées par les autorités israéliennes, plusieurs pays étrangers ont annoncé qu'ils comptaient des ressortissants parmi les otages. L'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Michael Herzog, a affirmé dimanche que des citoyens américains se trouvaient parmi les personnes enlevées, sans préciser leur nombre. Deux Mexicains sont "présumés" otages, a déclaré, dimanche, la ministre des Affaires étrangères mexicaine.

Les autorités allemandes ont également déclaré que plusieurs de leurs ressortissants – tous possédant également la nationalité israélienne – avaient été enlevés par le Hamas. L'ambassade israélienne au Royaume-Uni a de son côté dévoilé à Sky News qu'un festivalier britannique de 26 ans avait disparu.

Le sort des otages, déterminant pour la suite du conflit

Interrogé sur franceinfo, le général Jérôme Pellistrandi explique que ces otages "forment une sorte de bouclier humain" pour le Hamas. Selon lui, l'armée israélienne se retrouve face à une situation "quasiment insoluble" sur le plan militaire, car frapper massivement la bande de Gaza met en danger les otages qui y sont détenus. Les derniers bombardements ont déjà "causé la mort de quatre prisonniers de l'ennemi", ont affirmé les Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Il s'agit donc avant tout pour Israël de "localiser" les captifs avant de "trouver une solution pour négocier", recommande le général Jérôme Pellistrandi. Ces otages pourraient en effet servir au Hamas de précieuse monnaie d'échange lors d'éventuelles négociations, car le groupe terroriste a affirmé être prêt à les échanger contre des milliers de Palestiniens emprisonnés en Israël. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a ainsi déclaré dès samedi que le but de l'opération "déluge d'Al-Aqsa" était de libérer "[leur] terre, leurs sites sacrés, [leur mosquée] Al-Aqsa et [leurs] prisonniers".

L'option d'une intervention militaire terrestre israélienne pour tenter de libérer ces otages semble quant à elle très hypothétique. "Aller libérer les otages dans Gaza, c'est quelque chose d'extrêmement difficile", juge le général Dominique Trinquand sur franceinfo. Pour cet ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, le mouvement islamiste va profiter de ces otages pour "pour faire durer la guerre".

La communauté internationale réclame leur libération

La flambée de violence liée à l'attaque du Hamas a été condamnée par de nombreux gouvernements à travers le monde. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a par ailleurs dénoncé la prise en otage de civils et réclamé leur libération. "Les nouvelles de civils pris en otage chez eux ou à Gaza sont effroyables. Cela va à l'encontre du droit international. Les otages doivent être libérés immédiatement", a-t-il déclaré.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui s'est entretenue avec son homologue israélien Benyamin Nétanyahou, a également adressé sa "solidarité aux familles des victimes, aux otages et aux blessés". Les Emirats arabes unis se sont dits "consternés" par la capture de civils.

La France s'est aussi exprimée, dimanche : "La prise en otages odieuse par le Hamas d'hommes, de femmes et d'enfants rappelle si besoin était le caractère terroriste de ce mouvement. La France appelle à leur libération immédiate et sans condition", a écrit le Quai d'Orsay.

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