Israël : en refusant de "céder aux exigences délirantes du Hamas", Benyamin Nétanyahou inquiète les familles d'otages et les Etats-Unis

Le Premier minsitre israélien a adressé un revers pour le médiateur qatarien et pour l'allié américain alors qu'un sérieux espoir pesait sur les négociations entamées à Paris, il y a une dizaine de jours.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Benyamin Nétanyahou, lors d'une conférence de presse en février 2024. (FRANCEINFO)

Le Qatar se disait optimiste, Israël a refroidi les ardeurs. Il n’y aura pas de cessez-le-feu sur la base de la contre-proposition du Hamas transmise, mercredi 7 février, à Doha. Contre-proposition fermement rejetée par Israël. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a été catégorique.

Et c'est une véritable claque pour l’allié américain qui, depuis le début du conflit, fournit en bombes l'armée israélienne. Comme une fin de non-recevoir, Netanyahou continue donc la guerre, ordonnant même à l'armée israélienne de "préparer" une offensive sur la ville de Rafah, et balaie d’un revers de main l’hypothèse d’un nouvel échange d’otages et de prisonniers. "Céder aux exigences délirantes du Hamas ne mènera pas à la libération des otages mais ça provoquera un nouveau massacre, un terrible malheur sur l’Etat d’Israël. Et aucun de nos citoyens n’est prêt à accepter ça", estime Benyamin Netanyahou.

Les espoirs déçus des négociateurs et des familles d'otages du Hamas

Il douche ainsi les espoirs des médiateurs qatariens et américains qui, jusqu’à mercredi soir, se voulaient optimistes, mais aussi et surtout, ceux des familles des otages. Quelques minutes après, d’anciennes otages se sont exprimées lors d’une conférence de presse. En pleurs, Adina Moshe, 72 ans, a imploré le Premier ministre d’arrêter le carnage.

Elle a été libérée le 24 novembre dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu temporaire négocié par le Qatar et les États-Unis entre le Hamas et Israël.

"Je m’adresse encore une fois à vous M. Netanyahou. Tout est entre vos mains, c’est vous qui avez le pouvoir. J’ai peur. J’ai très peur que si vous persévérez à vouloir détruire le Hamas, il ne reste plus d’otages à libérer."

Adina Moshe, ancienne otage du Hamas

lors d'une conférence de presse

Le message n’a visiblement pas été entendu. Et les Etats-Unis sont inquiets. Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, en visite dans la région, pour la cinquième fois depuis le 7 octobre, a rencontré le Premier ministre israélien. Il a émis de sérieux doutes sur la capacité du gouvernement israélien à trouver une issue au conflit : "En ce qui concerne les échanges que j’ai eus avec le Premier ministre et d’autres officiels, j’ai exprimé de profondes inquiétudes, au sujet des actions et de la rhétorique de certains responsables gouvernementaux. Ils attisent les tensions, sapent le soutien international et mettent sous pression la sécurité d’Israël."

Anthony Blinken a réaffirmé sa volonté de travailler à la création d’un Etat palestinien. Ce que Benyamin Netanyahou n’a jamais envisagé, en près de 30 ans de carrière politique au plus haut niveau. La guerre continue à Gaza donc, et le prochain objectif du Premier ministre Israélien, c’est Rafah.

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