"Il faut être préparé à tout" : à Haïfa, ville israélienne à portée des roquettes du Hezbollah, un hôpital a été aménagé dans un parking souterrain
Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur le niveau −3 du parking de l'hôpital Rambam d'Haïfa et les yeux s’écarquillent. Chaque fois qu’il descend, Assaf Zeltzer, chef du service de chirurgie plastique et reconstructrice, n’en revient pas lui-même : "On se trouve dans le parking principal de l'hôpital, conçu justement pour pouvoir passer d'un parking à un hôpital souterrain dans un temps relativement limité".
Haïfa, le plus grand port d’Israël, est une ville stratégique. À 25 kilomètres à peine du Liban, elle se prépare. Lors de la guerre de 2006, des centaines de missiles ont été lancés par le Hezbollah. Ce traumatisme a conduit l’Etat israélien à s’équiper d’un bouclier aérien, le dôme de fer, et d’un gigantesque hôpital souterrain, construit sous l’hôpital de la ville. Au niveau −3, il peut accueillir 1 200 patients, alors qu'il y a encore 800 lits supplémentaires à l'étage situé en dessous.
"C'est comme dans les films, c'est un peu de la science-fiction."
Assaf Zeltzerde l'hôpital Rambam, à Haïfa
Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, l’hôpital est en état d’alerte. En deux à trois heures, tous les patients peuvent être transférés dans cet hôpital souterrain. Situé à neuf mètres sous le niveau de la mer, tout est prêt. "On se prépare à toute attaque, explique Assaf Zeltzer. Les murs sont bétonnés et ils peuvent supporter une attaque massive de missiles, et aussi les armes non conventionnelles. Tout ce qu'on entend ici, c'est le système de ventilation, de purification d'air, les échanges d'oxygène et d'air. Tous les scénarios ont été prévus". En juin, le Hezbollah a diffusé une vidéo de la ville, filmée par drone dans ses moindres détails. L’hôpital Rambam, coincé entre deux bases militaires, y apparaît.
À l’entrée de la zone des dialyses, Margalit s’affaire entre deux patients. Cette infirmière a connu plusieurs guerres. À cause des tirs quotidiens de roquettes du Hezbollah sur le nord d’Israël, elle a dû fuir sa maison tout juste construite. À sa taille, elle porte un revolver. "La grande peur, ce sont les infiltrations. Si je porte une arme, c'est pour ne pas me retrouver sans moyen de me défendre. Pendant la guerre, en 2006, il y avait des explosions, tu te cachais dans l'abri et tu te sentais en sécurité. Aujourd'hui, tu ne te sens même plus en sécurité dans ta propre maison."
Devant elle, Slimane, 34 ans, les yeux fatigués. Il vient ici tous les deux jours pour être dialysé : "Oui, bien sûr, avec tout ce qui se passe autour de nous, être dans un endroit fortifié, c’est rassurant". Au fond de la salle, un couloir sécurisé s’ouvre sur la salle de commandement. Bardée d’écrans et de téléphones, c'est un véritable QG. "On voit le nombre de patients, les pathologies, le temps qu'on a avec les générateurs, l'eau qu'il reste dans le réservoir, l'oxygène qu'il nous reste. Il faut être préparé à tout", décrit Assaf Zeltzer, alors qu'Haïfa attend, chaque jour, que les missiles s'abattent sur Israël.
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