: Reportage "C'est ici que nous devons être" : plus de trois mois après les attaques du 7 octobre, ces Israéliens se réinstallent dans les kibboutz près de Gaza
Le 7 octobre, à Kfar Aza, un kibboutz situé à un kilomètre et demi de la bande de Gaza, 62 habitants ont été tués et 19 pris en otage. Avant l'attaque terroriste du Hamas, 900 Israéliens vivaient dans ces maisons basses entourées de palmiers et de plantes grasses. Aujourd'hui, Shahar Schnurman et son épouse Ayelet sont les seuls à occuper leur jolie terrasse ombragée. "C'est notre maison, explique Shahar. C'est ici que nous devons être. La vraie question serait plutôt pourquoi avons-nous dû partir ? Comment le pays a laissé arriver une chose pareille, que nous soyons chassés de chez nous ?"
Le couple, sans enfant, s'est réinstallé à Kfar Aza il y a un mois, malgré l'interdiction prononcée par l'armée et les difficultés matérielles. "Aujourd'hui, vous ne croisez plus personne dans les allées, raconte Shahar. Tout ce que tu faisais avant dans le kibboutz, tu dois le faire à l'extérieur. Des achats, des soins médicaux, tout."
"La vie est un peu plus difficile. On se sent un peu plus seuls. Mais d'un autre côté, c'est très gratifiant parce que tu es chez toi."
Shahar Schnurmanà franceinfo
"Entre une chose et l'autre, le temps passe vite, on ne s'ennuie pas, au contraire, il y a beaucoup de choses à faire, explique Ayelet. Petit à petit, les gens ont entendu dire que nous étions là. Alors ils nous demandent d'aller chez eux récupérer des affaires, nourrir des chats, des choses comme ça."
Dans l'allée un couple passe, tire une valise. La femme explique qu'elle est simplement venue chercher des affaires pour ses parents âgés, qu'ils n'ont pas la force de revenir, que c'est trop dur. "Ces souvenirs m'accompagneront où que je sois, explique Shahar. Je connais toutes les personnes assassinées de ma voisine, ma meilleure amie dans le kibboutz, ou au fils d'une autre voisine. J'honore les victimes en restant ici, car je garde cet endroit. Je fais en sorte qu'il continue de vivre au moins un peu. J'espère que lorsque d'autres verront que c'est possible, ils reviendront."
"On reconstruira cet endroit, ce sera différent mais j'espère aussi bien qu'avant le 7 octobre."
Shahar Schnurmanà franceinfo
Shahar se rassied, lentement, laissant apparaître, à l'intérieur de son bras droit, le tatouage de cette date : 7 / 10 / 2023.
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