: Reportage "En un instant, je peux perdre un fils à tout jamais" : en Cisjordanie occupée, la peur des réfugiés palestiniens face aux raids israéliens
Vivre en Cisjordanie, la peur au ventre. Au 107eme jour de guerre, l'armée israélienne mène lundi 22 janvier des combats acharnés contre le Hamas palestinien dans le secteur de Khan Younès, épicentre dans le sud de Gaza, en dépit des appels à une pause dans les affrontements qui se multiplient. À des centaines de kilomètres de là, en Cisjordanie occupée, la situation est particulièrement tendue : depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre et le déclenchement de la guerre, l'armée israélienne y multiplie les raids.
Ces incursions de soldats, dans le camp de Tulkarem notamment, pour débusquer des "terroristes" selon l'armée israélienne, s'accompagnent de destructions massives et de la mort de nombreux civils.
Sorti de la maison voisine, encore debout, un vieil homme, réfugié de 1967, contemple de ces yeux bleus presque transparents, le trou et le tas de gravats qui se trouvent désormais à la place de son habitation et celles de ses quatre frères.
"Il y a quatre jours, un bulldozer est entré et a tout détruit. Depuis, je suis sans-abri. Et je sais très bien pourquoi : c'est pour élargir la rue et faciliter les mouvements de l'armée dans le camp".
Un habitant de Tulkaremà franceinfo
"A mort les terroristes"
Tout autour, dans les rues de ce camp, devenu une véritable ville où vivent près de dix mille Palestiniens, des hommes plus jeunes, déblayent, reconnectent déjà le réseau électrique. La bibliothèque a été éventrée, la crèche détruite. Un panneau "financé par l'Union européenne" y est à moitié arraché.
Un peu plus bas, Samir Jaber nous fait entrer dans sa maison. On y voit des traces de balles un peu partout : sur la porte, dans le mur. Ici, on voit une étoile de David près de laquelle est inscrite, en hébreu, "A mort les terroristes". D'autres victimes n'ont pas le profil de combattants : la semaine dernière, un secouriste a été abattu assure son père, alors qu'il était en intervention pour venir en aide à des blessés en pleine opération militaire.
Abir Saadi, elle, nous reçoit dans son salon vert et blanc, le portrait de son fils "martyr" de 15 ans trône au-dessus de la table : il a été tué par l'armée israélienne le 19 octobre dernier. Il sortait acheter des cigarettes pour son père, dit-elle. Elle assure avoir peur aujourd'hui pour ses enfants, "parce qu'une maison, on peut la reconstruire. Mais en un instant, je peux perdre un fils à tout jamais". Depuis le 7 octobre dernier, plus de 360 Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne ou des colons juifs en Cisjordanie occupée, selon le ministère palestinien de la Santé.
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