Reportage "Ils seront obligés de prier dehors, ils vont très mal le vivre" : en pleine guerre entre Israël et le Hamas, un début de Ramadan tendu à Jérusalem

La bande de Gaza, en proie à une grave crise humanitaire, reste sous le feu de l'offensive israélienne contre le Hamas. Les Etats-Unis craignent que la situation ne devienne "très dangereuse" en particulier à Jérusalem-Est, si les combats continuaient pendant le ramadan.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Esplanade des mosquées ou Mont du Temple à Jérusalem le 10 mars 2024. (THIBAULT LEFEVRE)

Le mois de Ramadan qui commence ce lundi 11 mars s’annonce très tendu au Proche-Orient. Depuis des semaines, les négociateurs voulaient parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza pour éviter d’enflammer la situation, en vain. Désormais, un lieu concentre toute l’attention : l’Esplanade des mosquées ou Mont du Temple pour les juifs, et le troisième lieu saint de l’Islam, la mosquée Al-Aqsa. Le Hamas a appelé deux fois les musulmans palestiniens, la semaine dernière à "marcher sur Al-Aqsa" et l’opération du 7 octobre avait pour nom "Déluge d’Al-Aqsa". L'atmosphère est donc particulièrement lourde dans la vieille ville de Jérusalem actuellement.

Depuis plusieurs heures, déjà, les premiers filtrages sont installés aux portes de la Vieille ville de Jérusalem. Pendant un mois, un millier de policiers sont mobilisés la semaine, 2 500 le week-end sur un espace de moins d'un kilomètre carré. Aux entrées de l'Esplanade des moquées ou Mont du Temple, les hommes les plus jeunes sont bloqués. Le tri se fait au faciès : "Il vient vers nous, dit à franceinfo un jeune Palestinien en montrant un policier israélien. Si je ne pars pas, je vais avoir des problèmes. Des gros problèmes..."

"On a essayé de rentrer par cinq portes différentes, ce n'est pas possible. Qu'est-ce qu'on peut faire ? On peut juste prier. Israël est beaucoup trop fort" 

Un Palestinien

à franceinfo

"L'accès dépend de l'humeur des policiers israéliens"

Alors, la prière s'organise à l'extérieur. Mohamed, la trentaine, installe son tapis dans une ruelle. "C'est très important pour nous de venir ici pour prier, mais quand ils ne te laissent pas entrer comme en ce moment, on ne se sent pas bien, confie-t-il. À cette période, il y a beaucoup de gens qui viennent ici depuis le nord de la Cisjordanie occupée. Mais cette année, on ne les laissera pas entrer et ils seront obligés de prier dehors. Ça va les mettre en colère et ils vont très mal le vivre." 

Mohammed, est contraint d'installer son tapis à l'extérieur de l'Esplanade des mosquées pour prier. (THIBAULT LEFEVRE / FRANCEINFO)

Seuls les plus âgés sont autorisés, pour le moment, à accéder à l'Esplanade des mosquées. Hadj Mohamed fait ses ablutions et se prépare à la prière. "J'ai 77 ans, raconte-t-il. En ce moment, les jeunes ne peuvent pas entrer ici. L'accès dépend de l'humeur des policiers israéliens aux portes de la mosquée. Certains sont toujours dans la méfiance et la provocation. Ils ne respectent ni les jeunes, ni les vieux. À mon âge, il est arrivé qu'ils me disent : 'Dégage d'ici !'"

Ces restrictions et surtout, l'attitude de la police pourrait donc empirer une situation déjà inflammable. Pendant au moins la première semaine du Ramadan, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis de ne pas durcir les règles.

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