Reportage "On ne sait pas d’où ça viendra ni quand" : près de la frontière avec le Liban, des Israéliens partagés entre la peur et l'envie "d'en découdre"

L'armée israélienne concentre davantage de troupes au nord du pays après les menaces de riposte de la part du Hezbollah. Les habitants de Nahariya, près de la frontière libanaise, craignent une attaque d'ampleur.
Article rédigé par franceinfo - William de Lesseux
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Une vue de la frontière israélo-libanaise depuis le village de Hurfeish, dans le nord d'Israël. (JALAA MAREY / AFP)

Après les explosions dont ont été victimes ses hommes, la riposte dans les mots devait être à la hauteur de l’affront. Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah promet à Israël un "terrible châtiment, là où il s’y attend et où il ne s’y attend pas". L’armée israélienne poursuit son redéploiement au nord, le long de la frontière avec le Liban. Les Israéliens militaires comme civils craignent maintenant que le Hezbollah ne mette ses menaces à l’œuvre, comme à Nahariya, une ville située à une dizaine de kilomètres de la frontière libanaise.

Quelques courses, c’est en ce moment la seule sortie de Jacqueline. Depuis les attaques contre le Hezbollah s’est installée côté israélien une forme de peur. "Du Liban non, mais du Hezbollah qui est au Liban, on a peur, raconte-t-elle. C'est eux qui ne nous laissent pas tranquilles. Ni le Hezbollah, ni le Hamas. Nous, on ne veut pas de la guerre, on veut la paix !"

Et en ce moment la menace à la frontière vient perturber le quotidien. Des sirènes retentissent. On rentre dans un abri où il faut rester quelques minutes. "Ça, c'est un exemple. Ce n'est pas une vie", soupire Jacqueline. 

"Ça fait déjà un an qu'on est comme ça. Tu vois la belle plage qu'on a ? Elle est vide. Il n'y a pas de maître nageur, il n'y a rien du tout."

Jacqueline, habitante de Nahariya

à franceinfo

Elle en parle beaucoup avec sa famille et son psy, Gallit raconte vivre en alerte face au Hezbollah, "car ils ont beaucoup de roquettes, ils veulent nous détruire", assure-t-elle. Avant de confier : "On ne sait pas d’où ça viendra ni quand. J’espère que nous en faisons assez pour les arrêter. Je suis toujours angoissée lorsque mes enfants ne sont pas à la maison." 

"Il faut en découdre"

La résignation laisse place à une envie de combattre pour certains lorsque Daniel évoque les explosions de bipeurs et de talkies-walkies au Liban. "J’espère que c’est nous qui avons fait ça ! On doit leur montrer notre pouvoir, lance-t-il. Quand quelqu’un vient pour essayer de nous tuer, on doit le tuer d’abord avant qu’il ne nous tue."

Venu de France il y a trois ans pour s'installer dans cette ville du nord d’Israël, Armand ne déménagera pas, malgré le contexte. "Il ne faut surtout pas se soumettre à la pression des ennemis et à une pression extérieure, il faut essayer de continuer à vivre normalement. On ne peut pas accepter. Il faut en découdre", lâche-t-il, avec l'idée d'attaquer le Hezbollah sur le sol libanais. L'idée n’a plus rien d’un tabou de ce côté-ci de la frontière.

Le reportage de William de Lesseux dans le nord d'Israël

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