Témoignage "J'ai eu un choc, je ne pouvais pas bouger" : malgré les bombes israéliennes, des Palestiniens retournent à Khan Younès

Après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas, la situation dans la bande de Gaza est toujours préoccupante. Malgré la présence de l’armée israélienne, certains civils prennent le risque de revenir à Khan Younès. Les familles réalisent alors l’ampleur de ce qu’elles ont perdu.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Après les bombardements de l'armée israélienne depuis le début de l'année 2024, certains Palestinien retournent à Khan Younès pour récupérer des affaires. (AFP)

Début mars, avec une partie de sa famille, Asma a remis les pieds dans son appartement situé au troisième étage d’un immeuble planté à la sortie de Khan Younès. "Quand je suis rentrée dans ma chambre, j'ai eu un choc. Je ne pouvais pas bouger", témoigne l'enseignante. Comme elle, plusieurs Palestiniens déplacés pour fuir les intenses bombardements menés par l'armée israélienne, retournent sur place pour revoir leur ancien logement et récupérer des affaires.

La ville de Khan Younès, située dans la partie sud du territoire palestinien, est devenue aux mois de janvier et février 2024 l'épicentre de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza. L'armée israélienne a encerclé la ville dans le but de débusquer des terroristes du Hamas, possiblement terrés dans cette zone urbaine qui accueille plus de 400 000 réfugiés gazaouis d'après l'ONU.

"Ils ont tout massacré"

Asma, elle, a dû quitter les lieux, en décembre pour se réfugier à Rafah, plus au sud. C'est grâce aux réseaux sociaux qu'elle a découvert que le secteur de Khan Younès où elle habitait était redevenu accessible. "Alors, on a été courageux et on y est allés", raconte-t-elle.

Son appartement, acheté il y a plus de dix ans, n’a plus de porte d’entrée. Les placards ont été ouverts, les vêtements sont au sol... Asma a le sentiment d’être victime non seulement de l’armée israélienne, mais aussi des pilleurs : "Les voleurs ont pris la télévision, des choses de la cuisine, la bouteille de gaz... Ils ont tout massacré. Il y a d'un côté les Israéliens, avec les attaques et les bombardements, et de l'autre, les voleurs"

Son quartier, lui, est devenu fantomatique. "C'était tout vide. Les gens viennent cinq minutes, dix minutes pour voir la situation, voir leur appartement et ils rentrent", illustre Asma. Pour elle et sa famille aussi, la visite est furtive. Ils ont quitté les lieux en moins de vingt minutes par peur d’un retour de l’armée israélienne.

Malgré les bombes israéliennes, des Palestiniens retournent à Khan Younès : le reportage d'Etienne Monin

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.