Témoignages "C’est très difficile d’abandonner ma mission à Gaza" : face aux bombardements israéliens, les chrétiens quittent le territoire peu à peu

Ils étaient un millier avant l'attaque du 7 octobre, au moins 30% d’entre eux sont partis et ils pourraient être plus nombreux dans les prochaines semaines.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une religieuse prie pendant la messe de Pâques dans l'église catholique de Gaza, le 31 mars 2024. (AFP)

Les chrétiens de Gaza sont en danger, alerte du patriarcat latin de Jérusalem. Pour la première fois depuis l’avènement du christianisme il y a près de 2 000 ans, il y a un vrai risque qu’ils disparaissent d’un territoire qu’ils occupent depuis toujours. Depuis le 7 octobre, 32 sont morts dont 20 dans des bombardements ou des échanges de tirs et les autres par manque de soin.

Les derniers chrétiens de l’enclave se sont pratiquement tous réfugiés dans deux églises de la ville de Gaza. "J’ai vécu comme le peuple et j’ai partagé ce qu’il subissait", dit Sœur Nabila en parlant au passé, car elle est partie il y a quelques semaines, comme 300 autres fidèles. "J’ai un problème au foie et j’ai vu beaucoup de souffrance. C’est très difficile d’abandonner ma mission à Gaza et puis de voir le pays détruit. Tout est détruit à Gaza…", se désole Sœur Nabila.

Pas de plan d'évacuation

Selon le patriarcat latin, ils devraient être encore 300 de plus à payer des sommes exorbitantes pour quitter l’enclave dans les prochaines semaines. "Cela pourrait signer la fin du christianisme à Gaza, alerte Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine. Les églises n'organisent pas aujourd'hui la sortie. On assiste quand même à quelque chose de dramatique. On a 2000 ans de présence continue de chrétiens à Gaza, si on renonce, c'est-à-dire si on facilite les départs, on entérine l'effacement d'une communauté bimillénaire."

"Les chrétiens ne sont pas des invités ici, le christianisme est né ici."

Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine

à franceinfo

"On ne peut pas lâcher, complète Marie-Armelle Beaulieu, parce que si on commence à lâcher ça, on sera invités à lâcher la communauté chrétienne qui est en Cisjordanie, on sera invités tôt ou tard à lâcher la communauté chrétienne qui est à Jérusalem et celle qui est en Israël."

Israël a proposé aux chrétiens de Gaza un plan d’évacuation : les autorités cléricales l'ont refusé, pour ne pas abandonner une terre occupée par les églises depuis près de 2 000 ans.

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