Témoignages "J'étais enterré vivant, on m'a sorti des décombres" : des Palestiniens racontent la frappe israélienne sur une zone humanitaire dans la bande de Gaza

Au moins 19 personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas, sont mortes dans ce bombardement. Grâce à un journaliste présent dans la bande de Gaza, franceinfo a recueilli ces témoignages rares.
Article rédigé par Thibault Lefèvre - Rami Almaghari
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le site de la frappe israélienne sur le camp de déplacés d'Al-Mawasi à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 septembre 2024. (EYAD BABA / AFP)

Ahmed et sa femme Maha sont des miraculés. Ils ont survécu à la frappe sur le camp de déplacés d'Al-Mawasi à Khan Younès qui a coûté la vie à 19 personnes, et en a blessé une soixantaine, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Une zone considérée comme humanitaire, et donc normalement épargnée par les bombardements. "On a été ensevelis tous les quatre, avec mon mari et nos deux enfants, raconte Maha. Il était minuit passé, je n'ai pas compris ce qui nous est arrivé."

"J'ai ouvert les yeux, autour de moi les gens criaient et couraient dans tous les sens. Je me suis mise à crier, à courir moi aussi."

Maha, Palestinienne

à franceinfo

"Je n'ai rien vu, rien entendu, même pas les explosions, poursuit Ahmed. Je dormais et puis, tout à coup, je me suis réveillé : j'étais sous terre, j'avais la toile de ma tente sur le visage. Et j'ai senti qu'on me tirait. J'étais enterré vivant. On m'a sorti des décombres."

Selon l'armée israélienne, des "terroristes du Hamas opérant dans un centre de commandement" ont été ciblés et des chefs militaires du mouvement figurent parmi les morts, dont trois présentés comme "directement impliqués dans l'exécution du massacre du 7 octobre". Le Hamas a démenti la présence de combattants dans la zone humanitaire proche de Khan Younès.

Des questions sur la puissance des missiles utilisées

Les bombes israéliennes ont éventré le sol sablonneux du camp de réfugiés. Il y a désormais deux trous d'une dizaine de mètres de profondeur. Tous les déplacés qui vivaient sur les lieux de la frappe sont morts. Nimr a perdu sa nièce, la petite fille avait 5 ans : "Ils ont lâché cinq ou six missiles sur des tentes de déplacés. Vous imaginez ? Des armes, qui peuvent réduire des montagnes en poussière, ont été lâchées sur des enfants dans une zone désignée comme sûre par l'armée israélienne elle-même."

"C’est l’armée qui nous a ordonné de venir ici et on a obéi. Et finalement, bébés ou vieillards, ils nous brûlent tous vifs."

Nimr, Palestinien

à franceinfo

Mercredi matin, des questions se posent sur la puissance des missiles utilisés par l'aviation israélienne. Des experts militaires, cités dans la presse américaine, évoquent des bombes de 900 kg. Des armes dont le gouvernement américain a suspendu la livraison.

Des Palestiniens racontent la frappe israélienne sur une zone humanitaire dans la bande de Gaza. Le reportage de Rami Almaghari et Thibault Lefèvre

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