Témoignages "Je ne veux pas y aller de cette façon" : à Rafah, ces réfugiés palestiniens hésitent à fuir vers l'Egypte avant une offensive israélienne

La ville de Rafah, à l'extrême-sud de la bande de Gaza, est le dernier refuge pour quelque 1,4 million de Palestiniens selon les Nations unies. Ces réfugiés se demandent où ils vont aller en cas d'offensive de l'armée israélienne.
Article rédigé par Thomas Giraudeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un Palestinien vérifie la structure brisée d'une fenêtre après une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 février 2024. (SAID KHATIB / AFP)

Un ultimatum jusqu'au début du ramadan. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou brandit la menace d'une offensive militaire à Rafah si les otages détenus par le Hamas ne sont pas libérés avant le début du ramadan. Cela laisse trois semaines pour trouver un accord. La communauté internationale s'inquiète d'une possible offensive terrestre dans cette ville adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, devenue un gigantesque campement abritant 1,4 million de personnes, selon l'ONU, où l'eau potable et la nourriture manquent.

Depuis Rafah, où elle s'est réfugiée chez sa sœur, Asma se demande s'il faut reprendre la route et repartir à Khan Younès, plus au nord : son appartement y a peut-être été détruit. Alors, faut-il aller en Egypte, si la frontière s'ouvre ? Un camp est en cours de construction à quelques centaines de mètres de la frontière, côté égyptien. "Les gens qui vivent dans les tentes, dans la rue, qui ont perdu leurs maisons, ont pour moi le droit d'aller en Egypte parce qu'ils ont droit à une autre vie, déclare Asma. Moi, je ne veux pas y aller de cette façon-là. Je veux aller en Egypte de façon régulière, pas comme une réfugiée dans un camp sous l'autorité de l'armée égyptienne qui est un peu dure avec les Gazaouis."

"Ma fille de 9 ans a connu quatre guerres !"

D'autres, décrit Nabil Diab, journaliste palestinien indépendant, lui-même réfugié à Rafah, repartent vers le nord de la bande de Gaza, vers Deir el-Balah et Khan Younès. Mais pour lui, et ses enfants, il ne voit qu'une solution : l'Egypte. "Je dois sortir, j'ai une petite fille de 9 ans qui a connu quatre guerres ! Où est-ce qu'elle est l'enfance ? J'ai perdu ma maison, j'ai perdu mon travail, j'ai tout perdu là", déplore le journaliste palestinien.

"Pour sortir, par les frontières égyptiennes, tu dois payer 5 000 euros par personne. Nous, on est quatre. Je dois payer 20 000 euros. Je n'ai rien sur moi. Qu'est-ce que je vais faire ?

Nabil Diab, journaliste palestinien indépendant

à franceinfo


Et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'est opposé ce week-end à "tout déplacement forcé" des Palestiniens vers son pays.

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