Guerre au Proche-Orient : on vous explique pourquoi Israël a lancé une offensive visant le Hezbollah au Liban
Après l'opération "Guerre de l'épée de fer" contre le Hamas dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a lancé "Flèches du nord" contre le Hezbollah. Après une série d'explosions de bipeurs et de talkies-walkies non revendiquées, l'Etat hébreu a bombardé le Liban, mercredi 25 septembre, pour la troisième journée consécutive. Lundi 23 septembre, le bilan diffusé par le Hezbollah faisait état plus de 500 morts, ce qui en fait le jour le plus meurtrier au Liban depuis la guerre de 2006. Ces récents raids meurtriers ont précipité des centaines de milliers de Libanais sur les routes pour fuir le sud du pays.
Pour reprendre les termes martiaux de Yoav Gallant, le ministre de la Défense israélien, le but premier d'Israël est d'"écraser" l'infrastructure que le Hezbollah a construite "pendant vingt ans". Cette "nouvelle phase" du conflit a été annoncée mercredi 18 septembre dans un communiqué de l'armée israélienne. L'objectif affiché de l'Etat hébreu est de permettre le "retour en toute sécurité des habitants du nord [d'Israël] dans leurs maisons". Quelque 100 000 personnes vivant près de la frontière avec le Liban sont toujours déplacées, rappelle Courrier International.
Faire reculer les troupes du Hezbollah
Depuis le début de la riposte israélienne dans la bande de Gaza après les attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre 2023, des roquettes ont régulièrement été tirées sur l'Etat hébreu, à l'appel d'Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah. "Le centre de gravité du conflit se déplace vers le nord", a déclaré Yoav Gallant devant les aviateurs de l'armée. Les experts cités par le quotidien israélien Haaretz estiment que cette offensive peut se traduire par la mise en place d'une zone tampon sur le territoire libanais, donc une occupation de long terme.
Cité dans le journal anglophone The National, Michael Young, analyste au Centre Carnegie de Beyrouth, pense aussi que les frappes israéliennes visent à vider cette future zone tampon de sa population. "L'objectif d'Israël est de frapper fort le Hezbollah et la communauté chiite, obligeant l'organisation à faire des concessions et reculer ses troupes au nord de la rivière Litani."
Dans un message vidéo, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a affirmé qu'il cherchait à minimiser les victimes civiles, appelant les habitants du sud du Liban à évacuer. "Depuis trop longtemps, le Hezbollah vous utilise comme des boucliers humains. Il a placé des roquettes dans vos salons et des missiles dans vos garages, a-t-il déclaré en s'adressant directement aux Libanais. Ces roquettes et missiles sont directement pointés vers nos villes, directement vers nos citoyens."
Depuis la deuxième guerre du Liban en 2006, le mouvement islamiste a installé des rampes de lancement de missiles de haute précision dans les caves et sur les balcons des maisons situées dans le sud du pays. Des emplacements méticuleusement recensés par les agents israéliens et visés par l'aviation israélienne depuis lundi, selon Haaretz. Le mouvement chiite en a fait usage seulement deux fois, dans la nuit de samedi à dimanche, en frappant la région de Haïfa, dans le sud d'Israël, puis en ciblant Tel Aviv mercredi dans la matinée. Un porte-parole de Tsahal a dénoncé "une escalade", même si le missile a été intercepté par la défense antiaérienne israélienne.
Une inéluctable opération terrestre ?
En attendant, peut-on parler de "guerre ouverte" entre Israël et le Liban ? S'il arrive encore que l'Etat hébreu déclare officiellement la guerre, comme contre le Hamas après l'attaque du 7 octobre, les spécialistes sont pour l'instant divisés sur l'appellation à donner à l'opération "Flèches du Nord". "Si vous m'aviez décrit que le Hezbollah frappe des bases israéliennes et que l'aviation israélienne riposte dans le Sud-Liban, jusque dans la banlieue de Beyrouth, je vous aurais dit qu'il s'agit d'une guerre ouverte", avance l'analyste militaire Andreas Krieg à la chaîne américaine ABC. "Mais là, il n'y a pas eu d'opération au sol. Après, ce n'est peut-être pas le bon indicateur."
"Nous sommes montés d'un cran", reconnaît Uzi Rahi, directeur du Moshe Dayan Center for Middle Eastern and African Studies à l'université de Tel Aviv. "Et je ne vois pas d'alternative à une opération au sol." La question de la déclaration de guerre a été posée au porte-parole de Tsahal, David Mencer. Il n'a pas répondu directement, en affirmant que "le Hezbollah doit être éjecté du Liban". Interrogé sur franceinfo à ce sujet, Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne, n'a pas fermé la porte à une telle opération. "Tout est envisageable", a-t-il estimé.
Sur le long terme, "ce qu'Israël essaye de faire, c'est de réimposer sa crédibilité dissuasive", estime le géopolitologue Frédéric Encel, interrogé sur sur franceinfo. "C'est ça finalement qu'Israël cherche depuis le 7 octobre."
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