Le chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, élu président du Liban après plus de deux ans de blocage
Un militaire sans expérience politique à la tête du Liban. Les députés libanais ont élu le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, comme président de la République à l'issue d'un second tour de scrutin, mettant ainsi fin à un blocage de plus de deux ans, jeudi 9 janvier.
Joseph Aoun, qui n'a aucun lien familial avec le président sortant Michel Aoun, dirige depuis mars 2017 une institution qui a pu rester à l'écart des dissensions confessionnelles et politiques qui déchirent le pays, alors que le Liban était privé depuis plus de deux ans d'un chef de l'Etat en raison des profondes divergences entre blocs politiques. Le commandant en chef de l'armée, qui a une réputation de probité et d'impartialité, jouit par ailleurs du soutien de plusieurs puissances étrangères comme les Etats-Unis et l'Arabie saoudite.
"Aujourd'hui commence une nouvelle ère dans l'histoire du Liban", a déclaré Joseph Aoun après avoir prêté serment au Parlement. Il a annoncé qu'il s'"emploierait à consacrer le droit de l'Etat à avoir le monopole des armes" et s'est engagé à des consultations rapides pour nommer un Premier ministre, ainsi qu'à respecter "la trêve" avec Israël.
Le Hezbollah affaibli
Le général, qui célébrera vendredi ses 61 ans, n'avait recueilli que 71 voix au premier tour de scrutin dans la matinée, l'empêchant d'atteindre la majorité nécessaire pour l'emporter. Mais après une rencontre entre des représentants des blocs du Hezbollah pro-iranien et de son allié, le mouvement Amal, et le commandant en chef de l'armée au Parlement, il a obtenu 99 voix, remportant ainsi le second tour.
Le Hezbollah, acteur incontournable de la scène politique, est affaibli après deux mois de guerre avec Israël et la chute du président syrien Bachar al-Assad, son allié, début décembre. Les détracteurs du Hezbollah l'accusent d'avoir bloqué l'élection en voulant imposer son candidat, Sleimane Frangié, mais ce dernier a annoncé mercredi son retrait de la course en faveur du commandant de l'armée.
En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir en vigueur au Liban, la présidence du pays est réservée à un chrétien maronite. Le Liban était doté d'un système présidentiel mais les pouvoirs du chef de l'Etat ont été largement diminués à l'issue de la guerre civile (1975-1990), au profit du Conseil des ministres, présidé par un musulman sunnite.
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