: Reportage "Je rêve de faire des études, mais je sais que c'est impossible" : au Liban, les enfants sont de plus en plus nombreux à quitter l'école pour travailler
Au Liban, l'Unicef tire la sonnette d’alarme. Les enfants sont déscolarisés de plus en plus tôt, 15% des familles feraient travailler leurs enfants pour survivre, un chiffre en constante augmentation depuis le début de la crise en 2019.
Sur les montagnes d'ordures qui jonchent les trottoirs du quartier de Sabra, au sud de Beyrouth, des dizaines de petites silhouettes s'activent. Des enfants couverts de crasses, les mains dans les poubelles, sous un soleil de plomb. Mohammad, 13 ans, est debout depuis 5 heures du matin. Il travaille ici avec ses frères de 10 et 11 ans. "Notre père est malade. Il ne peut pas travailler", explique-t-il. "Donc tous nos proches comptent sur nous pour vivre".
"J'ai honte de devoir faire les poubelles. On devrait être à l’école. Je rêve de faire des études, d’avoir un emploi normal qui permette d’aider ma famille. Mais je sais que c’est impossible."
Mohammad, 13 ansà franceinfo
"On n'a plus rien"
Des sacs remplis de bouteilles en plastique sur le dos, Mohammed et ses frères partent revendre ce qu'ils ont ramassé à quelques dizaines de mètres de là, où un autre enfant âgé de huit ans, celui-ci, pèse leur collecte.
Deux kilos de plastiques achetés l'équivalent de trois euros à Mohammed. Le seul adulte ici s'appelle Ali et tient la boutique. "Il y en a qui ont cinq ans à peine", déplore-t-il. "Et maintenant, on voit même des filles travailler au petit matin. C'est tellement triste, ça me brise le cœur".
"Mais on n'a plus rien, alors nos gamins quittent l’école pour travailler. Notre société n’est même plus capable de protéger ses enfants. C’est criminel ce qu’on leur fait subir."
Ali, commerçantà franceinfo
Après plus de 10 heures dans les poubelles, Mohammed et ses frères rentrent enfin retrouver leur mère. "Je suis en colère et j'ai honte que mes enfants doivent faire les poubelles pour ramener de l'argent", confie-t-elle. "On n'a pas le choix si on veut survivre. On ne reçoit aucune aide pour qu'ils puissent aller à l’école. Ni des Nations unies ni de personne". Le propriétaire de l'appartement demande 50 euros de loyer par mois : "Donc mes enfants travaillent pour qu'on ne finisse pas à la rue".
Avant la crise économique de 2019 au Liban, le niveau d'alphabétisation des 15-24 ans était de 99.8% selon l'Unesco. Ce taux va s'effondrer dans les prochaines années car plus d'un enfant sur cinq ne va pas à l'école.
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