: Reportage "La frappe est tombée au milieu de la clinique" : au Liban, les paramédicaux victimes des combats entre le Hezbollah et Israël
Au Liban, les tirs de roquettes entre le Hezbollah et l'armée israélienne se poursuivent. Depuis octobre, le conflit a déjà fait 130 morts civils côté libanais. Près d’un sur cinq faisait partie d'équipes paramédicales. En première ligne, ces derniers composent avec les moyens d’un État libanais en faillite.
Dans la ville de Tyr, dans le sud du Liban, un camion de pompier et une ambulance filent vers la frontière. "On travaille sans arrêt depuis dix mois, raconte Ali Safieddine, le chef de la défense civile dans la région. On est fatigués du stress et de la pression et on n'a pas vraiment vu nos familles depuis le début de la guerre."
Dans le pays en faillite, la défense civile peine à tenir le rythme de la guerre. Ici les hommes racontent que l’État libanais ne donne de l’argent que pour faire en tout quatre pleins d’essence par mois pour les véhicules. De quoi tenir deux jours à peine. Pour le reste, La défense civile libanaise est dépendante des donations étrangères.
Une clinique entièrement détruite
À quelques kilomètres de là, dans la ville de Naqoura, un autre groupe reçoit des appels d’urgence. L'association Al-Risala fonctionne presque comme la défense civile, mais n’est pas rattachée à l’État. Elle est financée par le parti Amal, premier allié du Hezbollah au Liban. Ahmad est ambulancier, il est en train de suivre les opérations de ses collègues par téléphone. "Face à nous, c’est la frontière libanaise. C’est là qu'on intervient pour amener les blessés vers les hôpitaux", explique-t-il.
"On a déjà perdu quatre membres de notre groupe dans cette guerre. Plus de vingt paramédicaux si on compte les autres organisations médicales."
Ahmad, ambulancierà franceinfo
Même si leurs organisations sont rattachées à des formations politiques, les paramédicaux sur le terrain n’en sont pas moins des civils. À l’est de la frontière, dans le village de Habbaryeh, c’est une clinique entière qui a été détruite par Israël. Cette dernière était rattachée à la Jamaa Islamiya, un groupe proche des Frères musulmans. "La frappe est tombée au milieu de la clinique, toutes nos vitres ont explosé, décrit Mohammad, le maire du village, qui habite la maison voisine. Les jeunes étaient sous ces débris ici."
Des roquettes au phosphore blanc
Le maire parle ensuite des sept jeunes hommes morts dans la frappe, tous âgés de la vingtaine. Au même moment, une détonation sur la colline voisine laisse échapper un épais nuage blanc. "Ce sont des roquettes au phosphore blanc, celui qui touche un morceau au sol sera instantanément brûlé, poursuit Mohammad. Déjà toute la vallée de pins ici a été décimée."
Le vent rapporte un peu de fumée opaque, extrêmement irritante. À Habbaryeh, il ne reste plus qu’une seule ambulance pour tout le village. Mais si quelqu’un est blessé, elle serait inutilisable. La frappe sur la clinique a tué le dernier ambulancier sachant la conduire.
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