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A Raqqa, les soldats ne reconnaissent plus leur ville, défigurée par les combats contre le groupe Etat islamique

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Article rédigé par Gilles Gallinaro, Franck Mathevon
Radio France

L'ancienne capitale autoproclamée du groupe Etat islamique est en passe d'être reprise par les troupes des Forces démocratiques syriennes. Dans Raqqa, les dégâts sont immenses.

Parmi les soldats qui participent à la bataille de Raqqa et à l'assaut final contre le groupe Etat islamique, beaucoup sont originaires de la ville. Amar fait partie de ces combattants qui ont permis aux Forces démocratiques syriennes (FDS) de contrôler désormais 90% de la capitale autoproclamée de Daesh en Syrie.

Amar retrouve les rues et les quartiers de sa ville. Il ne reconnaît plus Raqqa. Il a pourtant grandi ici, sur cette avenue de l’ouest défigurée par les combats. "Cette rue était très animée, les gens se baladaient jusqu'à deux, trois heures du matin, se souvient-il. Là, les magasins dont les stores ne sont pas fermés sont presque tous minés."

Le soldat se souvient : "Ils égorgeaient même des enfants"

Devant nous, à 500 mètres, des colonnes de fumée noire s’élèvent derrière des immeubles éventrés… Le front est là. On distingue les projecteurs du stade où l'organisation Etat islamique retient de nombreux civils. "Il n’y a pas pire que cela, regrette Amar. Ces civils n’ont pas de médicaments, d’eau, de nourriture, beaucoup sont malades. Et ils servent de boucliers pour Daesh !"

Pour avoir vendu des cigarettes, Amar a été lui-même détenu dans ce stade, qui servait de tribunal sous Daesh. "Ils égorgeaient même des enfants, dès l’âge de 14 ans. Tous les châtiments étaient possibles : couper la tête, les mains, les pieds… Ils s'en prenaient aussi aux femmes aussi, par exemple celles qui n’étaient pas bien couvertes… Elles étaient frappées devant leurs maris qui n’osaient rien faire, par peur."

Après sa prise par le groupe Etat islamique en 2014, la ville a été le théâtre des pires atrocités. Aujourd'hui, Amar se dit prêt à reconstruire sa ville. Après la libération, il reviendra évidemment vivre ici.

Le reportage de Franck Mathevon et Gilles Gallinaro à Raqqa

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