: En images Les sites du patrimoine syrien et irakien détruits ou menacés par l'Etat islamique
Les jihadistes menacent d'anéantir Palmyre, peut-être le plus beau site antique syrien. Et ce n'est pas le seul site remarquable ou classé par l'Unesco à se retrouver dans le collimateur de l'EI, en Irak et en Syrie.
Il faut "protéger Palmyre et tout mettre en œuvre pour empêcher sa destruction". La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, est inquiète. L'organisation Etat islamique (EI) n'est plus qu'à un kilomètre de l'antique Palmyre, en Syrie, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, vendredi 15 mai.
Personne ne semble être en mesure d'arrêter les jihadistes et, au fur et à mesure de leurs prises, ils s'en prennent au patrimoine. Quand ils ne peuvent revendre les œuvres d'art trop volumineuses, ils les détruisent. Retour en images sur plusieurs sites détruits ou menacés.
Détruit : le tombeau du prophète Jonas
Ce qu'il s'est passé. A Mossoul, en Irak, en juillet 2014, les jihadistes de l'EI ont détruit le tombeau du prophète Jonas, sur lequel était bâtie une mosquée. Les islamistes ont demandé à tout le monde de sortir, avant de faire exploser les lieux, comme le montre une vidéo. D'après le Guardian (en anglais), des habitants ont rapporté que l'EI considérait que c'était un lieu d'apostasie et non de prière.
Pourquoi ce tombeau était remarquable. La mosquée était bâtie sur un tombeau datant du VIIIe siècle avant J.-C. Ce dernier était réputé contenir la dépouille du prophète Jonas. Dans le Coran comme dans la Bible, Jonas est avalé par une baleine. La mosquée avait été rénovée dans les années 1990 et des fidèles venaient du monde entier s'y recueillir.
Détruits : Ninive et le musée de Mossoul
Ce qu'il s'est passé. En février 2015, l'EI a mis en ligne une vidéo de propagande montrant des jihadistes réduisant en miettes des statues, frises et autres trésors pré-islamiques. Les scènes, vraisemblablement tournées en 2014, se déroulaient à Mossoul, la grande ville irakienne contrôlée par l'EI, et sur le site de Ninive, tout proche. Par chance, au musée de Mossoul, les jihadistes ont surtout détruit des copies.
Pourquoi ce taureau ailé était remarquable. Ces deux photos montrent un imposant taureau ailé assyrien en granit qui gardait la porte de Nergal, à Ninive. Ninive était la capitale de l’Empire néo-assyrien (dès le VIIe siècle avant J.-C.). Une réplique est exposée au British museum de Londres. La destruction de ce taureau à visage humain a été comparée à celle des bouddhas de Bamiyan par les talibans afghans en 2001.
Détruites : les ruines de Nimroud
Ce qu'il s'est passé. A Nimroud, les jihadistes se sont acharnés. L'EI a publié, le 11 avril, une vidéo montrant des combattants détruisant des œuvres d'art dans la cité antique assyrienne, avant de faire exploser le site. Sur les images, des hommes détruisent à la hache bas-reliefs et statues. Puis ils amassent des barils remplis de poudre dans une pièce dont les murs faits de plaques de gypse sont magnifiquement sculptés de représentations des divinités assyriennes. Selon les images, non datées, Nimroud, située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Mossoul, sur les rives du Tigre, au nord de l'Irak, a été complètement rasée. Dans la vidéo, un jihadiste dénonce "l'idolâtrie".
Pourquoi ces ruines étaient remarquables. Nimroud, une cité fondée au XIIIe siècle avant J.-C., était l'une des villes phares de l'empire assyrien, dont elle a été la capitale au IXe siècle avant J.-C. S'étendant sur 360 hectares et cernée d'un mur de briques de 13 kilomètres, elle était devenue l'un des sites archéologiques les plus célèbres d'Irak. En 1988, plus de 600 bijoux, décorations et pierres précieuses, y avaient été exhumés, ce qui est considéré comme l'une des plus importantes découvertes archéologiques du XXe siècle.
Détruite : la cité de Hatra
Ce qu'il s'est passé. L'Unesco a dénoncé le saccage de la cité d'Hatra, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Mossoul, en Irak, en mars. Un mois plus tard, une vidéo est venue le confirmer. Sur les images, on voit des jihadistes arracher des sculptures murales, les viser au fusil d'assaut et endommager une statue à coups de pioche. "L'Etat islamique nous a envoyés pour détruire ces idoles parce qu'elles sont vénérées à la place de Dieu", explique l'un des deux insurgés s'exprimant dans la vidéo. Les pièces montrées sur les images sont cependant constituées de tiges métalliques, indiquant qu'il pourrait s'agir d'antiquités qui ont été restaurées ou de répliques plus récentes.
Pourquoi cette cité est remarquable. S'étalant sur 324 hectares, Hatra est une cité antique vieille de 2000 ans. Elle a été le premier site irakien a être classé au patrimoine mondial de l'Unesco. La ville fortifiée mêle architectures orientale et occidentale. Elle était particulièrement bien conservée. "Hatra est une cité magnifique des franges du désert, au carrefour des routes caravanières", témoignait auprès du Monde Béatrice André-Salvini, conservatrice en chef du patrimoine : "Les vestiges de Hatra [Ier siècle av. J.-C. – Ier siècle ap. J.-C.] en pierre de taille, sur des hauteurs considérables, sont uniques dans la région. Certains grands temples mesurent plus de 15 mètres de haut."
Menacé : le joyau syrien de Palmyre
Menacé : le minaret de Samarra
Pourquoi cette ville est remarquable. Comme le rappelle l'Unesco, Samarra a été le "siège d’une puissante capitale islamique qui régna sur les provinces de l’Empire abbasside, qui s’étendit pendant un siècle de la Tunisie à l’Asie centrale". C'est un site immense qui "s'étend sur 41,5 km du nord au sud pour une largeur qui varie entre 4 et 8 km". Le monument le plus célèbre est un minaret en spirale, datant du IXe siècle. Selon l'Unesco, "80 % de la ville reste à mettre au jour".
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