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Qui est Abou Mohamed Al-Adnani, le "ministre des Attentats" de l'Etat islamique tué en Syrie ?

Le groupe jihadiste a annoncé, mardi, la mort de son porte-parole, tué dans la province d'Alep. Ce Syrien était considéré comme l'un des principaux visages de la propagande jihadiste. 

Article rédigé par franceinfo
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Abou Mohamed Al-Adnani, porte-parole du groupe Etat islamique, dans une vidéo de propagande mise en ligne le 8 juillet 2012. (AFP)

"Après un long voyage couronné de sacrifices, cheikh Abou Mohammed Al-Adnani a rejoint les martyrs et les héros ayant défendu l'islam et combattu les ennemis de Dieu." Mardi 30 août, l'agence de propagande du groupe Etat islamique (EI), Amaq, annonce la nouvelle. L'une des têtes pensantes du mouvement terroriste est morte. 

Dans un communiqué, le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, livre quelques éléments sur cette mort. "Les forces de la coalition ont mené, aujourd'hui, une frappe de précision près d'Al-Bab (Syrie), ciblant Abou Mohammed Al-Adnani, l'un des plus hauts dirigeants de l'EI". Le résultat de cette frappe est, pour l'instant, en cours d'évaluation. 

Le porte-parole du groupe jihadiste, considéré comme le "ministre des Attentats à l'étranger" aurait été tué dans la province d'Alep en Syrie, en inspectant les opérations militaires en cours. Mais qui était Abou Mohammed Al-Adnani ? Franceinfo vous en dit plus sur ce membre essentiel de l'organisation terroriste. 

Un ancien membre d'Al-Qaïda

Agé de 39 ans, Taha Subhi Falaha est très rapidement devenu un rouage essentiel du groupe Etat islamique, où il était connu sous le nom d'Abou Mohammed Al-Adnani. Ce Syrien originaire d'Idleb a tout d'abord prêté allégeance au chef d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui, tué dans un raid américain en Irak en 2006.

Arrêté en 2005 par les forces américaines, il est emprisonné pendant cinq ans. C'est pendant sa période de détention qu'il rencontre Abou Bakr Al-Baghdadi, le fondateur de l'EI. Abou Mohammed Al-Adnani intègre le mouvement jihadiste, et c'est même lui qui annonce la "restauration du Califat" en juin 2014, comme le relate sur Twitter Romain Caillet, spécialiste des mouvements jihadiste. 

Un charisme lié à un parcours personnel hors-norme. Comme le raconte le Daily Beast, Abou Mohammed Al-Adnani était un vétéran et un survivant des premiers jours de l'EI, connu pour son "arrogance" et ses "attaques verbales". Un comportement qui lui aurait valu le surnom de "chien d'attaque", selon le site d'information américain. 

"Le ministre des Attentats"

En Occident, le Syrien s'est fait connaître pour son implication dans des attentats terroristes qui ont frappé l'Europe. Comme le rappelle Le Monde, Abou Mohammed Al-Adnani était devenu un des principaux visages de la propagande jihadiste. Dans un message audio diffusé en septembre 2014 : "Si vous ne pouvez pas trouver d’engins explosifs ou de munitions, isolez l’Américain infidèle, le Français infidèle ou n’importe lequel de ses alliés, (...), écrasez-lui la tête à coups de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le."

Des propos, qui auraient influencé Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, responsable de l'attentat du 14 juillet à Nice qui a fait 86 morts. Après l'attaque, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait ainsi évoqué l’influence du "message de Daech". Larossi Abballa, responsable de l'assassinat le 13 juin, d'un couple de policiers français à leur domicile de Magnanville (Yvelines), aurait également été influencé par ce charismatique porte-parole. 

De plus, selon le spécialiste du terrorisme, Alain Bauer, Abou Mohammed Al-Adnani serait le véritable instigateur des attaques du 13 novembre, et non Abdelhamid Abaaoud. 


"C’est un superviseur, un contremaître" par Europe1fr

Sa mort est "une indication du déclin de l'Etat islamique"

Car le "chien d'attaque" n'était pas seulement un porte-parole. Il tenait un rôle opérationnel essentiel au sein de l'organisation jihadiste, selon Peter Cook. Pour le porte-parole du Pentagone, le jihadiste était le "principal architecte des opérations extérieures de l'EI".

De fait, le porte-parole du Pentagone dévoile qu'Abou Mohammed Al-Adnani "a coordonné le mouvement des combattants de l'EI, encouragé directement les attaques par des loups solitaires sur des civils et des membres de l'armée, et activement recruté de nouveaux partisans"En 2014, le gouvernement américain avait promis une récompense de 5 millions de dollars et l'avait désigné comme "terroriste international". 

Sa mort est "un grand coup", assure l'analyste Charles Lister, expert du jihadisme. Autre expert des mouvements extrémistes, Aymenn Jawad Al-Tamimi, a estimé que sa disparition était "symboliquement importante et, plus largement, une indication du déclin du groupe Etat islamique".

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