Armer les rebelles syriens : la droite bafouille ses critiques contre Hollande
Plusieurs responsables UMP critiquent l'initiative lancée par le chef de l'Etat... que la droite taxait d'immobilisme il y a sept mois.
Faut-il, oui ou non, armer les rebelles syriens ? Aussi complexe qu'il soit, le débat ne résiste pas aux polémiques politiciennes. L'éventualité que, à l'initiative de François Hollande, Paris et Londres puissent livrer des armes aux adversaires du président Bachar Al-Assad s'est vite attiré les foudres de plusieurs personnalités de l'UMP, vendredi 15 mars.
"Si nous livrons des armes, ce qui va se passer, c'est qu'il y aura encore plus de morts. En sortie de crise, il y aura encore plus de morts aussi. (...) Il y aura des combats une fois que Bachar Al-Assad sera parti", prédit ainsi l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant.
Quand l'UMP dénonçait l'attentisme de Hollande
Depuis Bruxelles, vendredi, François Hollande n'a pas manqué d'ironiser face à ces critiques : "A peine étais-je élu qu'on me demandait de faire pour la Syrie une aide qui n'avait pas été prévue jusque-là. Certains me demandaient même d'aller à Moscou cet été en toute hâte et de demander à Mme Merkel de m'accompagner pour convaincre M. Poutine. Certains me demandaient de livrer des armes déjà à cette époque, les mêmes qui aujourd'hui s'interrogent ou s'alarment."
L'été dernier, la droite raillait en effet François Hollande avec virulence, le taxant d'immobilisme. "L'attentisme du président de la République (...) devient criminel. La même situation en Libye avait conduit hier Nicolas Sarkozy à prendre ses responsabilités et à intervenir militairement. Pourquoi ne décide-t-il pas d’intervenir ? Par peur ? Par amateurisme ? Parce qu’il ne sait pas décider ? Parce qu’il n’a pas compris l’enjeu moral ?", écrivait par exemple l'eurodéputé Philippe Juvin dans un communiqué le 8 août. L'élu appelait même la France à "intervenir militairement, comme en Libye". Au besoin, en se passant de l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU.
"La France n'a pas le droit de jouer la montre, s'offusquait également l'ancien ministre Frédéric Lefebvre. Si cela peut rassurer [François Hollande], qu'il ne doute pas que l'opposition soutiendra en conscience une initiative forte, mais faudrait-il encore que la France se décide enfin à assumer ses responsabilités."
Ces critiques étaient intervenues au lendemain de la publication d'un communiqué de Nicolas Sarkozy relatant un entretien téléphonique de "près de 40 minutes" avec le chef de l'opposition syrienne. Les deux hommes disaient avoir "constaté la complète convergence de leurs analyses (...) sur la nécessité d'une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres".
La droite redoute un isolement de la France
Joint par francetv info, Philippe Juvin concède que "sur le principe", armer les rebelles "est une très bonne idée", à condition de ne pas être isolé sur la scène internationale. "Comment peut-on imaginer ne pas braquer nos alliés sans qu'Angela Merkel n'ait été mise dans la boucle ? s'interroge l'eurodéputé. On dirait que François Hollande avance à tâtons. Quand le président lance une telle proposition, il faut qu'elle soit toute prête."
En effet, les critiques qui s'abattent aujourd'hui sur François Hollande visent surtout la méthode, et le ton relativement peu diplomate employé par Paris, qui envisage de passer outre l'embargo européen en vigueur sur les ventes d'armes à la Syrie. "Il ne faut pas se mettre en situation d'être en position isolée sur un conflit comme celui-là. Pourquoi ne pas arriver à prendre une position commune au sein de l'Union européenne ?" questionne ainsi le patron des députés UMP, Christian Jacob.
Pour l'ancienne ministre des Affaires étrangères et de la Défense Michèle Alliot-Marie, "François Hollande n'a aucune expérience en matière internationale et diplomatique et nous en avons là un parfait exemple. Quand on veut convaincre des gens, on essaie d'abord de les convaincre en privé."
Pour Alain Juppé, "Paris et Londres ont raison"
Voix dissonante, mais qui compte à l'UMP, Alain Juppé, ancien hôte du Quai d'Orsay, semble soutenir sans retenue l'initiative franco-britannique. "Je pense que [Paris et Londres] ont raison et que nous nous déshonorerions en laissant les avions de Bachar Al-Assad poursuivre les bombardements contre une résistance qui n’a pas les moyens de se défendre. Si nous n’arrivons pas à entraîner nos partenaires européens sur cette voie, il nous reviendra de prendre l’initiative", écrit-il sur son blog. Loin des polémiques.
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