Pays en guerre : "le droit international humanitaire doit faire partie des stratégies militaires"
En Syrie, en Irak ou au Yémen, les organisations humanitaires ont de plus en plus de mal à venir au secours des populations, a expliqué lundi 31 octobre sur franceinfo Peter Maurer, le président du CICR, le Comité International de la Croix Rouge.
Le constat est valable pour tous les pays en guerre, que ce soit la Syrie, l'Irak ou le Yémen: il est de plus en plus difficile pour les organisations humanitaires d'aider les populations sur place.
À Alep notamment, dans le nord-ouest de la Syrie, 250 000 personnes sont privées d'aide humanitaire depuis le mois de juillet et menacées de pénurie alimentaire, selon l'ONU. "Il faut que le droit international humanitaire fasse partie des stratégies militaires", a déclaré lundi 31 octobre sur franceinfo Peter Maurer, le président du CICR, le Comité International de la Croix Rouge, la plus ancienne organisation humanitaire du monde. Il a rencontré le président François Hollande, à Paris. Il s'inquiète de la place de l'humanitaire dans les conflits majeurs de la planète aujourd'hui.
franceinfo : Qu'attend le CICR de la France ?
Peter Maurer : On attend un soutien encore plus fort sur le respect du droit international humanitaire. Quand les pays délibèrent sur les stratégies militaires, quand les pays soutiennent des groupes armés, il faut que le droit international humanitaire fasse partie de ces dialogues. Il faut réfléchir à comment mieux protéger les gens, même dans les combats les plus difficiles auxquels les pays sont confrontés. Quand je vois les victimes de tous les jours, on a souvent de la peine à ne pas désespérer. Mais depuis 150 ans, on est là dans les conflits pour créer les comportements conformes au droit et on est déterminés à être les derniers à désespérer.
Même quand le but est de gagner, il y a des limites à ne jamais franchir : https://t.co/Z4c7xwoJR6 #ConventionsdeGenève #dih pic.twitter.com/eXOFptpchh
— CICR (@CICR_fr) 31 octobre 2016
Que peut faire le CICR face à l'utilisation de la population locale comme bouclier humain ?
On a vu de plus en plus le droit international humanitaire être violé dans différents aspects. Ce que l'on peut faire, c'est de nous engager avec toutes les parties et leur faire comprendre l'importance du droit, de l'espace neutre, impartial, humanitaire.
À Alep, des écoles ont été récemment prises pour cible. Quelle place pour les humanitaires ?
Ce que l'on voit en Syrie, c'est le rétrécissement de l'espace humanitaire. Ce n'est pas nécessairement un espace géographique, mais aussi un espace militaire et stratégique. Les belligérants ont d'énormes difficultés à laisser travailler les humanitaires. Toute action humanitaire doit être durement négociée avec les belligérants. Cela peut être une trentaine ou une quarantaine de parties avec lesquelles il faut sécuriser et négocier l'action humanitaire.
Quand des écoles, des hôpitaux ou des installations médicales sont attaquées, c'est inacceptable.
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