Syrie : lors du G8, un communiqué commun dans la douleur
Les dirigeants du G8 ont rendu un communiqué commun, qui porte les traces des divergences entre la Russie et les Occidentaux. Il se borne à appeler à la fin des violences et ne mentionne pas le sort d'Assad.
Evasion fiscale et Syrie étaient au menu de ce G8. Mais les divisions entre Russes et Occidentaux ont fait du conflit syrien le plat de résistance. "Ne soyons pas dupes. Ceci est un G7 + 1", avait déclaré dès lundi le Premier ministre canadien, Stephen Harper, accusant Poutine, allié du régime de Bachar Al-Assad, de soutenir "un régime de brutes."
Malgré les dissensions, les dirigeants des huit pays les plus riches se sont mis d'accord en Irlande du Nord pour signer un communiqué commun sur la question syrienne. Cependant, ce dernier porte les traces des divergences entre la Russie, alliée de Bachar Al-Assad et les Occidentaux, favorables aux rebelles.
Francetv info revient sur les questions qui ont fait monter la pression.
Le sort de Bachar Al-Assad
La Russie a empêché toute référence au sort de Bachar Al-Assad dans le communiqué final du sommet du G8, a précisé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. Pour le président russe, Vladimir Poutine, forcer le président Assad à se retirer, comme le demandent depuis plusieurs mois les Occidentaux, aurait des conséquences désastreuses non seulement pour la Syrie mais aussi pour tout le Proche-Orient.
L'utilisation d'armes chimiques par le régime
Sur ce point, le communiqué final du G8 semble contenter les deux parties. Les leaders du G8 y condamnent l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, sans indiquer si l'usage de telles armes étaient le fait du régime, comme l'assurent les Occidentaux, ou des rebelles, comme le sous-entend Moscou. Ils appellent enfin les deux parties à permettre la tenue d'investigations sur place.
Washington avait accusé la semaine dernière le régime de Damas d'avoir franchi "la ligne rouge" en utilisant des armes chimiques, notamment du gaz sarin. Ces accusations sont rejetées par Moscou, qui juge insuffisantes les preuves mises en avant par les Américains.
L'aide à apporter
Les dirigeants du G8 se sont par ailleurs engagés à fournir une aide humanitaire de 1,5 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) pour la population syrienne. Sans surprise, la question polémique de la livraison d'armes aux rebelles, à laquelle les Russes sont farouchement opposés, ne figure pas dans ce communiqué de consensus. Pas plus que la question des armes fournies à Damas par Moscou.
Au régime de Barchar Al-Assad. Le sommet du G8 à peine terminé, Vladimir Poutine n'a pas exclu de nouvelles livraisons d'armes au régime de Damas, lesquelles sont désapprouvées par les Occidentaux : "Nous fournissons des armes au gouvernement légitime, conformément à des accords légaux", a expliqué le président russe. "Si nous concluons des contrats de cette nature, alors nous les remplirons."
Or, les Occidentaux ont montré à nouveau pendant le sommet qu'ils s'opposaient à l'aide apportée par Moscou au régime d'Assad. "Comment peut-on admettre que la Russie continue de livrer des armes au régime de Bachar Al-Assad alors que l'opposition n'en reçoit que très peu et est aujourd'hui massacrée ?", s'est interrogé François Hollande, à son arrivée en Irlande du Nord, lundi.
Aux rebelles. Dès dimanche, après un entretien avec le Premier ministre britannique David Cameron, Vladimir Poutine a lancé une mise en garde à ses partenaires du G8 sur la fourniture d'armes aux rebelles, leur demandant comment ils pouvaient envisager de soutenir "des personnes qui dévorent les organes [de leurs ennemis] en public". Une référence à une vidéo diffusée en mai montrant un rebelle syrien éviscérant un soldat.
A l'ouverture du sommet, la Russie avait encore haussé le ton, prévenant qu'elle s'opposerait à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.
La date d'une prochaine conférence sur la Syrie
Elle se tiendra "dès que possible", indique vaguement le communiqué final du G8 sur la Syrie. La conférence dite "Genève 2" était initialement prévue en juin. L'idée de cette conférence a été proposée début mai par les chefs des diplomaties américaine et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, pour tenter d'ouvrir des négociations entre Damas et l'opposition syrienne.
Une réunion entre représentants de l'ONU, de la Russie et des Etats-Unis est prévue le 25 juin à Genève pour préparer cette conférence, qui ne devrait pas se tenir avant juillet, faute d'accord sur la liste des participants notamment. Mais selon une source citée mardi par Reuters, la brouille entre la Russie et les Occidentaux pourrait même repousser cette rencontre au mois d'août.
Et quand bien même une date pourrait être trouvée, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a estimé mardi que beaucoup restait à faire pour obtenir des avancées de cette conférence. "Je pense que beaucoup de travail doit être accompli pour s'assurer que, lorsque (la conférence de) Genève aura lieu, cela produise quelque chose de constructif", a-t-il déclaré lors d'une réunion de médiateurs de paix à Losby, dans le Sud-Est de la Norvège.
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