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Vidéo "Les geôliers ne s'arrêtent que quand la personne devient une masse de sang" : un rescapé décrit les "fêtes de bienvenue" dans une prison syrienne

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Envoyé spécial. Un ancien détenu de la prison de Saidnaya décrit les sanguinaires "fêtes de bienvenue" réservées aux nouveaux arrivants
Envoyé spécial. "Les geôliers ne s'arrêtent que quand la personne devient une masse de sang" : un rescapé décrit les "fêtes de bienvenue" à la prison syrienne de Saidnaya Envoyé spécial. Un ancien détenu de la prison de Saidnaya décrit les sanguinaires "fêtes de bienvenue" réservées aux nouveaux arrivants (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
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Emad a passé deux ans et demi dans la prison la plus terrible du régime syrien. Il se souvient parfaitement du jour où il est arrivé à Saidnaya, dans un groupe de 19 prisonniers. Dans cet extrait d'"Envoyé spécial", il fait le récit de la sanguinaire "fête de bienvenue" qui leur était réservée.

Emad est resté deux ans et demi dans la prison la plus terrible du régime syrien. Il se souvient encore parfaitement du jour où il est arrivé à Saidnaya, dans un groupe de 19 prisonniers. Emmenés dans le bâtiment rouge (réservé aux civils considérés comme des opposants), ils ont eu droit à une "fête de bienvenue". Un rituel sanguinaire propre à Saidnaya, qui serait destiné aux nouveaux arrivants et qu'il décrit dans cet extrait d'"Envoyé spécial".

D'abord, les prisonniers sont déshabillés, fouillés intégralement, raconte-t-il. On les fait s'allonger par terre l'un après l'autre, puis trois ou quatre soldats s'acharnent sur chacun. Coups de matraque, coups de bâton, "et surtout, ils nous frappaient avec des gros morceaux de pneu de camion – ils utilisent souvent ça à Saidnaya, précise Emad. Les geôliers ne s'arrêtent que quand la personne devient une masse de sang. S'ils estiment qu'il n'y a pas assez de sang, ils continuent".

"Les gens n'avaient plus que la peau sur les os" 

L'un des 19 prisonniers qui sont arrivés ensemble n'a pas survécu aux coups. "Notre état de santé ne nous permettait absolument pas de les supporter", explique Emad, qui décrit la nourriture insuffisante, la soif, l'interdiction d'ouvrir la bouche, le sadisme des geôliers qui leur répètent : "Vous et le mur, vous ne faites qu'un."

"Nous étions tous très affaiblis, sans aucune force. (...) A tel point qu'un simple rhume, une diarrhée banale tuait immédiatement. Je vous jure qu'en 2014, la diarrhée a tué des centaines de prisonniers. Les gens n'avaient plus que la peau sur les os. Ils n'avaient même plus de sang dans les veines."

Extrait de "Syrie, les rescapés de l'enfer", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 18 octobre 2018.

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