Où en est l'enquête sur l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal ?
Londres accuse Moscou d'être à l'origine de l'empoisonnement de l'ex-espion et de sa fille, tandis que les Russes démentent toute implication. Mais que dit l'enquête ? Franceinfo fait le point.
L'enquête est l'une des plus complexes traitées par les services de contre-terrorisme britanniques. Elle mobilise 250 spécialistes et la police examine plus de 5 000 heures de vidéosurveillance. Environ 500 témoins ont été identifiés. Le 4 mars, l'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille, Ioulia, ont été retrouvés inconscients, empoisonnés, sur un banc à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Quelques semaines plus tard, l'affaire continue de provoquer une escalade diplomatique entre la Russie et le Royaume-Uni, Londres accusant Moscou d'être responsable de l'empoisonnement et Moscou démentant toute implication. Plusieurs versions des faits sont communiquées par les différentes parties. Mais que dit l'enquête ? Franceinfo fait le point sur ce que nous savons.
Empoisonnés au domicile de l'ex-agent
C'est à leur domicile de Salisbury que l'ex-agent double et sa fille ont eu le premier contact avec le poison. La police britannique a expliqué que la plus forte concentration de poison détectée "se trouvait sur la porte d'entrée de [leur] domicile", a-t-elle détaillé dans un communiqué, mercredi 28 mars. "Des traces de l'agent innervant ont été trouvées dans d'autres lieux sur lesquels les enquêteurs ont travaillé ces dernières semaines, mais à des concentrations plus faibles que celle trouvée à son domicile", a précisé Dean Haydon, de la police londonienne.
L'enquête, qui pourrait prendre des mois, se concentre donc sur le domicile de l'ex-espion et ses environs. "Ceux qui habitent dans le quartier des Skripal peuvent s'attendre à voir des policiers y faire des recherches", a encore affirmé Dean Haydon.
Le Novitchok à l'origine de l'empoisonnement
Le gouvernement britannique a annoncé le 12 mars avoir établi que le poison était du Novitchok, un agent neurotoxique de conception soviétique très puissant, comme vous l'expliquait franceinfo dans cet article. La Première ministre britannique, Teresa May, va même plus loin en déclarant qu'il est "hautement probable que la Russie soit responsable des actes qui ont visé Sergueï et Ioulia Skripal".
Le 3 avril, la police confirme la nature du poison. "Nous avons été capables d'identifier qu'il s'agissait du Novitchok, d'identifier que c'était un agent innervant de type militaire", déclare Gary Aitkenhead, chef du laboratoire militaire britannique de Porton Down. Mais il s'empresse d'ajouter que "sa source exacte" n'a pas été "identifiée".
Le gouvernement britannique, qui rend Moscou responsable de cette attaque, réplique qu'il est certain de l'implication de la Russie et affirme que les recherches menées à Porton Down ne constituent "qu'une partie du renseignement" à sa disposition.
Les animaux domestiques retrouvés morts
Début avril, les enquêteurs attirent l'attention sur les animaux domestiques de l'ancien espion. Un chat et deux cochons d'Inde lui appartenant ont été trouvés morts, annoncent les autorités jeudi 5 avril. "Lorsqu'un vétérinaire a pu accéder à la propriété" de Sergueï Skripal, "deux cochons d'Inde étaient malheureusement morts", explique une porte-parole du ministère de l'Environnement britannique, de l'Alimentation et des Affaires rurales.
"Un chat a également été trouvé dans un état de détresse et un chirurgien vétérinaire a pris la décision d'euthanasier l'animal pour mettre fin à ses souffrances, précise la porte-parole. Cette décision a été prise dans le meilleur intérêt de l'animal et de son bien-être."
Mais personne pour préciser si ces animaux sont morts d'une intoxication subie lors de l'empoisonnement des Skripal, ou bien de faim après être restés sans nourriture dans la maison. De quoi relancer la polémique avec Moscou, des diplomates russes estimant que l'étude des corps des animaux aurait pu apporter des réponses sur les causes de l'empoisonnement de l'ex-espion et sa fille.
Bientôt le témoignage des victimes
La police antiterroriste britannique pourrait désormais bénéficier de l'aide de Ioulia Skripal pour son enquête. Son état de santé s'améliore "quotidiennement", a déclaré un médecin, Christine Blanshard. Elle s'est exprimée publiquement jeudi 5 avril pour la première fois depuis son hospitalisation, au travers de propos cités par un communiqué de la police britannique. "Je suis heureuse de dire que je me sens de mieux en mieux chaque jour", expliquait-elle. Elle va ainsi pouvoir répondre aux questions des enquêteurs.
Sergueï Skripal de son côté "répond bien au traitement, son état de santé s'améliore rapidement, il n'est plus dans un état critique", ont déclaré les médecins de l'hôpital de Salisbury. "Nous sommes très heureux que l'état de santé de M. Skripal et de sa fille Ioulia s'améliore", a commenté le ministère des Affaires étrangères britannique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.