Russie : un an après le début de la guerre en Ukraine, les perspectives économiques du pays restent sombres
Près d'une heure quarante-cinq de rhétorique anti-occidentale, Vladimir Poutine a prononcé mardi 21 février, devant les parlementaires russes, l'un de ses discours les plus violents et agressifs depuis le début de la guerre. Rien de neuf sur le fond, mais l'ennemi n'est décidément pas l'Ukraine, mais l'Occident, accusé par le président russe d'avoir "déclenché la guerre", "de vouloir détruire la Russie", "en finir avec elle", et "menacer son intégrité" au travers de ses valeurs "décadentes". Le chef du Kremlin qui a également affirmé que les sanctions occidentales "n'arriveraient à rien", l'économie russe résistant beaucoup mieux que prévu selon lui. Si certains chiffres semblent donner raison au président russe, les perspectives du pays après un an de guerre restent sombres.
Vladimir Poutine l'a une nouvelle fois répété mardi, l'économie russe ne s'est pas effondrée. La baisse du PIB en 2022, un peu plus de 2% est très en-dessous des prévisions de départ. Pour autant, dire que l'économie est en pleine santé, est très exagéré. La consommation des ménages a baissé de 10%, l'inflation reste forte. Et les salaires réels ont baissé, notamment parce que certains secteurs sont à l'arrêt, comme les usines automobiles qui manquent de composants.
Chez Avtovaz à Togliatti, le constructeur des Lada impose de longues périodes de chômage technique aux salariés. "Si vous ne travaillez pas à l'usine, vous touchez les deux-tiers du salaire moyen", témoigne Leonid Emchanov du syndicat indépendant d'Avtovaz. "En d'autres termes, les gens doivent chercher un emploi supplémentaire, poursuit-il. Beaucoup de gens ont deux emplois à Togliatti, car il n'est pas réaliste de vivre avec un salaire Avtovaz si l'on a une famille ou des emprunts."
La Russie déjà en difficulté ?
Vladimir Poutine a annoncé mardi quelques mesures de soutien pour les ménages, des prêts à taux réduits, quelques aides, mais pas vraiment de mesures massives. Pour certains observateurs c'est peut-être le signe que l'État russe connaît déjà des difficultés à boucler son budget ou qu'il les anticipe. La résilience de l'économie russe vient aussi de sa capacité à contourner les sanctions, grâce à des pays tiers qui acceptent de faire transiter des marchandises sous embargo.
Pour l'économiste russe Alexandra Prokopenko, le système doit être amélioré. "Il est nécessaire de s'engager dans un réglage plus fin des sanctions", soutient-elle. "À savoir : appliquer plus activement les mesures de contrôle des exportations. Ce sont de nouveaux mécanismes, le monde n'a jamais imposé de sanctions de cette ampleur auparavant", rappelle-t-elle. "C'est pourquoi si soudainement les Occidentaux parviennent à convaincre les partenaires de la Russie comme la Turquie ou la Chine de moins soutenir la Russie, prévient l'économiste, ce sera un coup dur pour l'économie russe." L'autre grand danger qui guette l'économie russe, c'est la mise en place de l'embargo pétrolier qui débute vraiment ce mois-ci et dont on ne connaît pas encore les effets réels.
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