Séisme en Turquie et en Syrie : quelles sont les zones dans le monde les plus exposées aux tremblements de terre ?
Il est déjà l'un des séismes les plus meurtriers du XXIe siècle. Le bilan du tremblement de terre qui endeuille la Turquie et la Syrie, depuis lundi 6 février, ne cesse de s'alourdir. S'il est impossible de prévoir précisément où et quand ce type de séisme dévastateur va avoir lieu, on connaît les zones du monde qui sont davantage exposées à ce risque.
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Les séismes les plus importants et fréquents sont localisés au niveau des failles de la croûte terrestre, c'est-à-dire la limite entre deux plaques tectoniques. "Dans le cas général, un séisme est la zone de contact entre deux plaques tectoniques qui, par leur mouvement relatif, crée des forces lorsqu'elles dépassent un certain niveau, en se mettant brutalement à bouger, en coulissant l'une contre l’autre", explique Martin Vallée, sismologue à l'institut du Globe.
Un aléa sismique inégalement réparti
Ces séismes dit inter-plaques sont les plus courants, mais peuvent aussi être intra-plaques et survenir à l’intérieur des plaques tectoniques. "Il y a effectivement eu des séismes dans des zones qu'on peut considérer comme stables, rappelle le sismologue. Les quelques séismes qui arrivent par exemple au centre de l'Afrique peuvent être surprenants, car ce ne sont pas des zones qui sont très activées par la tectonique des plaques globale." Au final, la répartition géographique de ce qu’on appelle l’aléa sismique − la possibilité d’être soumis à un certain niveau de vibration du sol causé par un tremblement de terre pour un site donné et sur un temps donné − va donc suivre généralement ces grandes failles, explique le CNRS.
L’épicentre du séisme survenu lundi est au niveau de la faille est-anatolienne, à la jonction des plaques anatolienne et arabique qui coulissent horizontalement. Mais les plus gros séismes ont lieu généralement dans les zones dites de subduction, là où une plaque plonge sous une autre. Il s’agit souvent "d’une plaque océanique qui passe en dessous d'une plaque continentale", explique Martin Vallée. Ce phénomène "est à l'origine des séismes de magnitude de 9,1 au Japon en 2011, de magnitude 8,8 au Chili en 2018 et de magnitude 9,1 à Sumatra en 2004", poursuit le sismologue.
Des conséquences catastrophiques dans les pays pauvres
Le Pérou, le Népal ou les Antilles sont aussi situés sur ce type de failles et risquent de subir d’importants séismes à l’avenir. Dans l'ouest des États-Unis en Californie, la faille de San Andréas est une zone cette fois dite de décrochement, à la jonction des plaques tectoniques pacifique et nord-américaine. Le fameux séisme dévastateur redouté, et surnommé le "Big One", pourrait toucher des millions de personnes notamment dans les villes de Los Angeles et San Francisco. "Il y aura probablement beaucoup de victimes, mais moins que dans les pays pauvres comme l’Iran, le Pakistan ou l’Afghanistan, où les constructions sont bien moins adaptées", déclare le sismologue Jean-Paul Montagner au journal Ouest France.
Car les dégâts engendrés par un séisme "ne dépendent pas uniquement de l’aléa sismique de la région", précise sur le site du CNRS Françoise Courboulex. La chercheuse au laboratoire Géoazur souligne que "la préparation du pays entre aussi énormément en jeu". Le tremblement de terre au Japon en février 2021 de magnitude 7,3 n’avait fait que quatre morts alors que celui de magnitude 7,2 à Haïti en août 2021 plus de 2 200 morts. Un pays déjà touché par un séisme dévastateur 11 ans auparavant avec plus de 200 000 morts notamment à Port-au Prince. Pour le sismologue Martin Vallée, en 2010, "c'est la configuration la plus catastrophique, où il y a un séisme très fort à proximité immédiate d'une très grande ville dans laquelle les normes parasismiques ont été peu prises en compte."
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