Séisme en Turquie : "Nous faisons notre possible pour travailler soigneusement", témoigne Sédat Yasaroglu, conducteur d'engin sur les ruines
En Turquie, après le séisme qui a ravagé le sud du pays, la recherche des survivants sous les décombres se poursuit. Les conducteurs de pelleteuse sont devenus des personnes clés pour tenter de retrouver les derniers survivants. C'est le cas de Sedat Yasaroglu, à Antioche, qui déblaie le terrain ce vendredi 17 février dans l'espoir de retrouver une personne vivante avant l'arrêt des recherches. Ces deux derniers jours, quatre personnes ont été découvertes vivantes.
"On fait doucement, on ne plonge pas la pelleteuse d'un seul coup"
"Je suis à l'hôpital, je vais bien. Maman est où ? Les autres sont où ?", demande ce jeune homme encore plein de poussières à son petit frère par téléphone. Onze jours après le séisme, dont le bilan fait état de plus de 40 000 morts (bilan officiel le 17 février 2023), sa famille est sauve. Ces mots, Sedat, impuissant, aimerait les entendre. Il se raccroche à l'idée qu'il pourra encore trouver quelqu'un en vie. Mais, jusqu'ici, il n'a découvert que des morts.
"Mon plus jeune fils m'envoie tous les jours un message. Il m'écrit : 'S'il te plaît, sors un vivant !' Quand on trouve une poche où il peut y avoir de la vie, on arrête la machine et on commence à fouiller. Nos secouristes rentrent dans ces poches. Ils contrôlent et, s'il n'y a rien, on relance l'engin, détaille Sedat. Bien sûr, on est inquiet mais nous faisons notre possible pour travailler soigneusement, pour ne pas abîmer les gens. On fait doucement. On ne plonge pas la pelleteuse d'un seul coup. On gratte peu à peu", poursuit l'ouvrier.
Seulement quelques heures de sommeil
Sedat fait-il des cauchemars? "Non, dit-il, sans doute parce qu'il ne ferme quasiment jamais les yeux. Ça fait longtemps que je n'ai pas dormi mais mon cerveau fonctionne comme au premier jour, explique-t-il. Je peux travailler de 8h du matin à 5h du matin. Deux ou trois heures de sommeil par nuit, ça me suffit. Tant que nous n'aurons pas sorti nos vivants et nos morts, nous ne penserons pas à nous reposer", poursuit-il.
Toute la journée, des familles l'observent, lui glissent des informations. "La chambre de ma fille était située à tel endroit, regardez là". Les recherches sur certains sites se sont arrêtées mais Sedat ne veut pas en entendre parler.
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