En Tunisie, beaucoup ne croient pas à une nouvelle "révolution" : "Rien ne va changer et on se lasse"
Pas moins de 2 000 militaires ont été déployés, jeudi, dans plusieurs villes de Tunisie après les manifestations cette semaine contre la politique d'austérité. Bilan : au moins un mort, et 600 arrestations. Vendredi, une nouvelle mobilisation est prévue.
Est-ce le début d’une nouvelle révolution en Tunisie ? Franceinfo a tendu le micro dans les rues de Tunis jeudi 11 janvier, quatrième jour de contestation contre la vie chère. Samia Abbou, figure emblématique de l’opposition a beau s’époumoner, pas évident de motiver les Tunisiens à rejoindre les protestations contre la vie chère. Révolution a rimé avec déstabilisation. Depuis 2011, le dinar s’est effondré. Le nombre de chômeurs diplômés n’a pas diminué, l’inflation dépasse les 6%. Les Tunisiens sont vaccinés. Ils rêvent aujourd’hui de stabilité.
C'est le cas d'Ahmed, la cinquantaine. "J'ai participé à la révolution. Mais là, ce qui se passe, c’est les partis politiques qui manipulent les gens pour semer le grabuge. Moi, je ne crois en aucun parti. Ce que je veux, c’est une Tunisie paisible", explique-t-il.
Une lassitude des "politiques", des "opportunistes"
Très souvent, les jeunes qui, eux aussi, ont cru au changement en 2011, font le même constat. En lieu et place de la dictature de Ben Ali, ils ont écopé d’une mafia. Shaker 27 ans est le profil classique du jeune tunisien diplômé qui ne trouve pas de travail dans son domaine. Pour lui manifester, "ne sert à rien", lâche-t-il, résigné.
"Rien ne va changer et on se lasse. Les politiques, c’est des opportunistes. Ils ne pensent qu’à leur intérêt. Du coup, moi aussi, je pense à mes intérêts. Je vis ma petite vie quoi, voilà", poursuit le jeune homme. Pour l’heure, on est encore très loin d’une révolution. Vérification vendredi 12 janvier 2018 sur l’avenue Bourguiba pour cette manifestation que les organisateurs espèrent gigantesque.
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