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Turquie : un an après la tentative de putsch, les grandes purges sont toujours en cours

Un an après la tentative avortée de coup d'État en Turquie, le régime procède toujours à de grandes purges contre ceux qui sont considérés comme des sympathisants des putschistes.

Article rédigé par Alexandre Billette, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La statue d'Omer Halisdemir, devant le mémorial portant les noms des personnes mortes pendant le putsch.  (OZAN KOSE / AFP)

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, des éléments de l'armée turque ont voulu renverser le président Recep Tayyip Erdogan. Le pouvoir turc a réussi à reprendre le contrôle quelques heures après le début de cette tentative de coup d'Etat. Au total, il y a eu 200 morts et 1 500 blessés. Une grande répression contre les sympathisants des putschistes ou ceux présentés comme tels par Ankara s'en est suivie : 50 000 personnes ont été emprisonnées, 100 000 fonctionnaires licenciés et 170 000 procédures judiciaires ouvertes.

Un an après, la Turquie vit toujours au rythme de ces grandes purges. Aucun ministère et aucun secteur de la société n’a été épargné. Ce n’est d'ailleurs pas terminé : toutes les semaines, voire presque tous les jours, la police annonce avoir effectué une opération contre des supposés gülenistes ou des sympathisants du PKK, le parti pro-kurde. 

Une mort sociale 

Ali était fonctionnaire au ministère de l’Éducation nationale et c’est son appartenance à un syndicat de gauche qui, selon lui, lui a valu d’être licencié : "Le 2 septembre, un ami m’a appelé et m'a dit  que j'étais aussi sur la liste. Je n’y croyais pas !" raconte l'ancien fonctionnaire. "On a compris lorsqu’on ne nous a pas versé nos salaires mais ils ne nous ont jamais expliqué pourquoi on était virés. Maintenant je n’ai plus de boulot. Qu’est-ce qu’on va faire ? Je n’en ai aucune idée."

Ces gens ont vu leur passeport être annulé, ils ne peuvent pas quitter le pays mais ils ne peuvent pas travailler en Turquie non plus. C'est une position insupportable qui va les plonger dans la misère, eux et leurs familles

Andrew Gardner, chercheur à Istanbul pour Amnesty International

à franceinfo

Si on inclut les familles de personnes concernées par les purges, il y aurait au total de 500 000 à un million de personnes touchées par ces purges en Turquie. Conséquence : des familles vivent parfois sans salaire et n’ont plus le moyen de trouver un nouvel emploi. Une mort sociale, en quelque sorte, qui a des conséquences catastrophiques. "Ils n’ont pas seulement perdu leur travail, on a détruit leur carrière !" explique Andrew Gardner, chercheur à Istanbul pour Amnesty International.

Les ONG également visées

Ces dernières semaines, le président et la directrice d'Amnesty International ont eux aussi été interpellés et ils sont toujours incarcérés. Difficile de militer aujourd’hui en Turquie, selon Gülseren Yolari. Elle dirige l’Association des droits de l’Homme à Istanbul et a pensé quitter le pays, avant de changer d’avis. "Si je pars, je ne pourrais pas reprocher aux autres de ne rien faire, quelqu’un doit faire quelque chose", se justifie cette militante associative. "Des centaines de milliers de personnes sont sous la menace d’arrestations aujourd’hui. Peut-être que j’en ferai partie un jour mais il y a un moment où il ne faut plus y penser". Et ce n’est probablement pas terminé. Recep Tayyip Erdogan a promis que le nettoyage du pays sera mené jusqu’au bout.

Un an après le putsch avorté en Turquie, les purges sont toujours en cours. Le reportage d'Alexandre Billette

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