Turquie : six mois après le séisme, le tourisme au ralenti
Sur la côte d’Iskenderun, à quelques mètres de l’eau turquoise, Michel vient de finir la rénovation de son café-restaurant. Mais ce matin, sa terrasse reste vide. "Le tremblement de terre a détruit en partie notre commerce. Et maintenant, il n’y a aucun touriste, déplore-t-il. C’est très difficile pour nous de travailler."
Chez Mehmet, à l’entrée de la plage, même attente, même silence. Son étal déborde de paréos, de bouées gonflables et de maillots de bain. Mais "quelques personnes sont passées nous voir, mais pas assez. On se sent très seuls."
"C’est un endroit magnifique ici, pourtant ! Nous attendons les touristes. La vie reprend doucement."
Mehmet, vendeurà franceinfo
Doucement, peut-être trop doucement pour le tourisme : à Iskenderun comme ailleurs dans le Hatay, il est rare de trouver un hôtel encore debout. Et les débris d’immeubles détruits en février ont été déplacés dans des décharges à ciel ouvert. À Samandag, l’air de la plage est saturé d’amiante et de plomb. Ali, un glacier, est persuadé que c’est cette poussière qui fait fuir les clients : "Cela provoque des maladies, des infections. Dans les casinos et les restaurants près d’ici, certaines personnes ont dû aller à l’hôpital."
D’habitude, la saison touristique suffit à Kazim, 68 ans, pour compléter sa pension de retraite. Il possède une boutique à Samandag. Mais comme beaucoup, cet été, il ne sait pas comment il va joindre les deux bouts : "Nous fermons boutique sans rien vendre. Je touche seulement 250 euros de pension par mois. Que voulez-vous que je fasse ? 250 euros ! En une semaine, tout est déjà dépensé. Et hier encore, le litre d’essence a augmenté de 20 centimes. On essaye de vivre comme on peut..."
Pour les sinistrés, la plage pour "penser à autre chose"
Reste que pour les sinistrés qui ont tout perdu, il n’y a jamais eu autant d’espace sur la plage. Ayşe vient tout les jours avec sa famille. Et midi, c’est pique-nique les pieds dans l’eau : "Nous sommes arrivés ce matin, nous allons rester jusqu’à 6 ou 7h ce soir, puis nous repartirons. On a le moral a zéro. Nos enfants prennent un traitement car ils souffrent de troubles post-traumatiques liés au séisme. Venir ici leur permet de penser à autre chose. Sinon, nous passons notre journée sous la tente."
En février, le président Recep Tayyip Erdogan a promis que les 680 000 logements à reconstruire seraient debout en un an. Dans le Hatay, les habitants espèrent à nouveau accueillir des touristes l’été prochain.
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